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La pêche dans l’archipel Bijagos

L’Archipel des Bijagos, aussi appelé Archipel des Bissagos, est un archipel de Guinée-Bissau, constitué de quatre-vingt-huit îles et îlots, et situé dans l’Océan Atlantique, en face de la capitale Bissau, à l’embouchure du Rio Geba. Seulement une dizaine de ces îles sont habitées de façon permanente. C’est dans ce paradis halieutique que des passionnés de pêche et de voyage viennent poser leurs valises. La pêche à Bijagos est un paradis pour tous aventuriers pêcheurs. Voici un article détaillé de ce voyage de peche exotique hors norme

L’archipel de Bijagos, un sanctuaire de biodiversité situé au large de Guinée Bissau

Le peuplement de l’archipel des Bijagos est très inégal. Sur les à peine 30 000 habitants de cet archipel, l’île de Bolama en accueille à elle seule près de 9 500 soit un tiers de la population totale. Bubaque (5 000 habitants) et les îles de Canhabaque (3 500 habitants), Orango Grande et Orangozinho (3 500 habitants) en accueille un autre tiers (soit environ 12 000 habitants). L’arrondissement de Caravela (comprenant en autres les îles de Carache, Formosa, Ponta, Enu ou Maio) abrite le dernier tiers avec un peu plus de 10 500 habitants.

Au temps pré-colonial les îles Bijagos étaient importantes pour le commerce sur la côte ouest de l’Afrique et leurs habitants construisirent une grande flotte. En 1535 cela leur permit de mettre en déroute les Portugais lorsqu’ils arrivèrent pour conquérir l’archipel. Chaque île étant politiquement autonome, c’est une par une qu’elles établirent des relations amicales ou non avec les forces européennes en présence, dont les Anglais basés à Bolama, les Français et les Portugais, ces derniers devenant les colonisateurs de la partie coloniale faisant face à l’archipel qui allait devenir la Guinée-Bissau.

Aujourd’hui des émigrés sénégalais, guinéens, gambiens et sierra-léonais viennent s’installer sur les îles pour y pratiquer la pêche professionnelle. Cette nouvelle intrusion pose de nombreux problèmes car si les Bijogos gèrent au mieux leurs ressources, ce n’est pas le cas de ces pêcheurs saisonniers qui calent des filets dans les bolons et coupent les palétuviers qui retiennent les plages. Certaines îles se trouvent alors sans protection face aux assauts de l’océan et s’effondrent dans l’eau.

Dans l’archipel des Bijagos, les villages (Tabanca) sont situés à l’intérieur des terres et non sur la côte. Les Bijogos sont des animistes qui ont conservé une grande partie de leur très complexe culture. Chaque île a sa version de la culture. Leur monde est peuplé d’Irans (esprits). Les initiations assez dures (le Fanado) sont encore pratiquées par une partie des jeunes pour accéder au statut d’adulte. Elles se déroulent en brousse (dans le “mato”) et durent de trois à six mois. Ces initiations tendent à disparaître et des classes d’âge entières refusent de s’y soumettre. Cet abandon a pour conséquence la perte de connaissances portées par les anciens. Les Homi Grande (Homme Grand – ou Femme Grande) encadrent la vie sociale, économique et culturelle du monde Bijogo. Chaque village est autonome, chaque île aussi mais tous se disent descendants de l’un des quatre “clans” d’origine. Le pouvoir des femmes y est important sans pour autant représenter un véritable pouvoir matriarcal. Il faudrait plutôt parler de pouvoir de la lignée matriarcale. On appartient à une lignée matriarcale, à un clan, à un village, puis à une île et pour finir au peuple Bijogo.

Le grand départ pour Guinée Bissau

07h00 le réveil sonne. Après un petit-déjeuner sur le pouce, départ avec mes bagages pour Commugny chez mes parents où Jean-Pierre, mon fidèle compagnon de voyage depuis de nombreuses années et Willi notre «chauffeur », viennent me chercher. À 09h00 pétante nous nous rendons à l’aéroport de Genève.

Au guichet d’enregistrement des bagages, le préposé me signale que nous sommes en excédent de poids avec nos 48 kilos au lieu des 40 autorisés pour Bissau. Je lui fais remarquer que je me suis renseigné au guichet de la TAP et que nous avons le droit à une marge de 5 kilos supplémentaires par personne. Il vérifie sur son PC et me dit que c’est OK. Puis, il vient à la charge, comme je le craignais, avec le tube de cannes… Il me demande ce qu’il contient et si la dame de la TAP m’a dit que je devais payer une taxe pour celui-ci. Je m’empresse de lui dire qu’elle m’avait répondu que c’était gratuit (c’est la vérité) ! Et hop le tout part sur le tapis roulant ! Bonne affaire ! Le vol est sans histoires jusqu’à Lisbonne.

Nous avons 07 heures d’attente et en profitons pour prendre un bus. Nous allons manger de bons plats portugais et flânons un peu en ville. De retour à l’aéroport, nous faisons connaissance dans l’avion de Jean Michel (Kyenne sur le forum PAB) et de son père. Ils partageront notre séjour durant la première semaine. Le vol se passe bien, mais notre sommeil est fortement perturbé par les nombreux cris des bébés à bord !

Arrivés à Bissau dans une chaleur moite, c’est dans un folklore total, mais certainement habituel des lieux, que nous récupérons nos bagages en jouant des coudes pour pouvoir accéder au tapis roulant. Tout est là ! OUF ! Surprise, nous avons encore environ 90 minutes de route et de piste à faire avant d’arriver à Biombo. Nous y terminons notre voyage vers 04h30 du matin. Épuisés. Nous dormirons dans de jolies cases, dont le bénéfice des nuitées et des repas sera versé à l’orphelinat, situé à proximité.

Malgré la fatigue, je n’arrive pas à trouver le sommeil. J’ai énormément de peine à respirer, car l’air est chargé d’humidité et la chaleur étouffante. La moustiquaire que j’utilise pour la première et dernière fois, ne doit pas aider à avoir plus d’oxygène… Sans parler des ronflements de Jean-Pierre, qui dort lui comme un bien heureux…

La pêche à Bijagos, un moment extraordinaire !!

Le réveil est programmé à 07h50, mais une heure avant la sonnerie, il m’est impossible de continuer à dormir. Je me lève et quelle surprise ! Je m’aperçois qu’en fait, nous sommes au bord d’une lagune !!!

On prend le petit-déjeuner, mais à peine ai-je posé mes fesses qu’on vient nous dire qu’il faut se dépêcher… Le vent risque de se lever et le trajet en bateau pourrait devenir pénible… Faut croire que même en vacances, le stress me poursuit ! Je me dépêche de refaire mes bagages et nous partons sans demander notre reste ! Durant 10 minutes nous descendons la lagune, puis poursuivons notre « croisière » pendant environ 70 minutes en pleine mer. Finalement on débarque sur un minuscule îlot, qui ressemble à s’y méprendre au paradis avec ses bungalows… Vu sur mer…

Par contre je m’attendais à avoir plus d’air que sur le continent…. Mais, mes prévisions étaient complètement à côté de la plaque. Il y fait une chaleur et une moiteur terrible. Je sue toute l’eau de mon corps et suis à la peine. L’heure est arrivée pour faire quelques montages en vue de notre session de pêche de cet après-midi. Camille le guide de pêche français, répare ma toute nouvelle canne cassée, une Illex Ashura Tyrant, achetée exprès pour l’occasion. Le soir précédent notre départ… J’ai eu la bonne idée de forcer un peu sur le tube pour en diminuer la taille en vue de l’enregistrement à l’aéroport… Le scion n’a logiquement, pas résisté à une pression du haut vers le bas ! Il nous aide également à confectionner de beaux bas de ligne ! Il se montrera d’ailleurs extrêmement disponible durant ces deux semaines ! Nous prenons un délicieux repas et départ à la pêche !

Beto, le chef des piroguiers nous accompagnera durant tout le séjour. Il travaille pour Laurent Durris depuis 11 ans et est considéré comme le meilleur marin de l’île. Nous sommes gâtés ! Nous partons pêcher en sa compagnie les têtes de roches. Pas une branlée au popper… On essaie au poisson nageur. J’attrape une carangue et un mérou. Jean-Pierre fera un barracuda et également une carangue.

On rentre en faisant un petit coup de traîne qui ramènera un barracuda pour J-P. Ce ne fut pas une après-midi de folie, mais pour ces quelques heures passées sur l’eau, au moins on n’est pas bredouille et nous avons raté tout de même plusieurs poissons. Nous n’avons certainement pas très bien pêché non plus, la fatigue se faisant très rapidement ressentir dans les bras lors de la pêche au popper.

Après un succulent souper nous nous couchons exténués de ces deux jours de voyage. J’ai de la peine à trouver le sommeil à cause de la chaleur, l’humidité et du fait qu’il n’y a pas le moindre souffle d’air.

La pêche fantastique d’un barracuda énorme à Bijagos

On se réveille vers 07h00, et nous attaquons d’entrée la journée, par la corvée du changement d’armatures (triples et anneaux brisés) de nos leurres. Du coup nous ne nous sommes pas rendu compte que tout le monde avait déjà déjeuné ! Malgré tout, un superbe buffet nous attend ! Divers jus de fruits et confitures, crêpes, baguettes chaudes, fruits, café, thé etc… Je suis très agréablement surpris ! Avec tout ça, nous partons un peu tard, à la pêche en compagnie de Beto sur les coups de 09h30.

A 100 mètres du camp, une chasse éclate et hop la première carangue de la journée est pendue à mon popper. Décidément j’adore la défense de ce poisson ! Une fois la chasse partie, nous passerons notre matinée à pêcher de beaux coups près des rochers, où de belles chasses se déclencheront. On fait un festival de barras, mérous et carangues dans le secteur.

Des enfants jouent sur l’île de Caravela en face de nous. Beto nous demande si nous sommes d’accord de leur donner un peu de poisson. Nous gardons donc deux carangues pour eux. Les gamins ont le sourire jusqu’aux oreilles ! Par contre pour l’embarcation des trois philanthropes… C’est la panne moteur ! Le pire dans tout ça, c’est que des chasses se déclenchent partout, mais pas à distance de lancer ! J’enrage en silence ! Malgré tout, J-P touchera un barracuda et s’empressera d’en faire don à… une jeune fille enceinte ! Espérons que ça portera bonheur à son futur enfant !

Après plus d’une heure de bricolage, nous pouvons enfin repartir ! Apparemment, il y a de l’eau dans le filtre. C’est dû à la condensation qui se forme dans les bidons et du fait que l’essence est pompée jusqu’à la dernière goutte. Les chasses sont terminées et nous retournons sur Kéré. L’intendance a été avertie de nos problèmes de moteur par radio VHF. En 10 minutes, un nouveau moteur est installé et celui en panne évacué. Excellente organisation de leur part. Nous allons donner un coup de traîne, car nous n’avons plus le temps de nous rendre sur les autres postes avant le dîner et nous faisons plusieurs barracudas.

Nous mangeons sur l’îlot, quelques montages et départ ! Cet après-midi la pêche à Bijagos est plus dure. L’eau s’est teintée de brun ce qui n’est pas bon. Nous pêchons plusieurs chasses, mais ce sont ces satanées macros bonites coupeurs de fils ! La touche est sympa, mais la bagarre pas extraordinaire sur notre matériel trop puissant. Ne touchant ni carangues, ni carpes rouges, nous décidons de changer de spot. Nous traversons un bras de mer et là, on tombe sur des chasses. Mais ça va très vite. Dès qu’on touche une carangue, le temps de la ramener au bateau et le reste du banc est déjà très loin !

Il nous reste une bonne heure de pêche et Beto nous propose vu l’état de la marée, de terminer notre session dans la grande fosse à la traîne. Notre marin me conseille de mettre un Man’s de 30 cm. Je n’ai jamais pêché avec un leurre aussi grand et je n’y crois pas trop… Mais après déjà 10 minutes, j’ai une belle touche à ma canne ! Le frein chante… et le poisson se décroche ! Je remets le leurre à l’eau et après une vingtaine de minutes, énorme touche ! Je saute sur ma Shimano Speedmaster, mais la pression exercée par le poisson est très forte et j’ai de la peine à la sortir du porte-canne. S’en suis une belle bagarre, avec le poisson qui part sous le bateau… je crains le pire pour la canne que je plonge dans l’eau pour éviter de la briser en deux. J’aperçois le bestiau et mon cœur se met à battre de plus belle ! Pourvu que je ne le perde pas ! Beto hissera le barracuda sur le bateau. Il accusera 1,51 mètre pour 16,1 kilos. Y a bien plus gros, mais mon record perso est battu et je suis heureux !

Quatrième jour à Bijagos : carpes, otholite et carangues

Départ sur les coups de 09h00 après un copieux petit-déjeuner et avoir mis comme toujours une bonne couche de crème solaire sur ma peau de bébé. Nous sommes ce matin avec Camille et le bateau équipé de la station de pêche Le vent s’est levé et nous commençons à pêcher les bordures. Pour moi au popper, au poisson nageur pour J-P. Il fera un petit mérou et pour ma part, pas une branlée.. Beto est resté au camp pour réparer le moteur du bateau. Nous décidons de nous déplacer sur un poste à jig. C’est une première pour nous, car à part la pêche à la gambe et un peu à la dandine, nous n’avons jamais pratiqué le jig. En prévision, nous avions mis dans nos bagages quelques jigs, madaïs et inchukus.
Je décide de monter un madaï sur conseil de notre guide. Chaque dérive me procurera des touches. Au final, je ferais 2 carpes rouges, une otholite et trois carangues à mi-eau, dont une jolie estimée à 7 kilos environ. Pour une première au jig, je dois dire que c’est plaisant ! Les touches sont toujours brutales, même si le poisson n’est pas énorme. Avec ma canne montée en 20 lb, j’y prends beaucoup de plaisir. Nous avons tous les trois fait du poisson et sommes bien contents de notre matinée. Nous rentrons au camp pour dîner. Après le repas, départ avec Beto pour les rochers rouges, nom donné à une grande falaise de couleur… rouge ! Nous allons pêcher un secteur de roches qui effleurent l’eau. Je mets un PN Cultiva S avec lequel j’enchaîne les touches et les poissons ramenés au bateau. Mais une carpe rouge que je n’arrive pas à brider, file dans son trou et coupe net la tresse. Je remets un autre de mes leurres fétiches et peu après, une autre carpe va se planter dans son trou et n’en bouge plus ! La tactique adoptée alors, est de rendre un peu de fil en espérant qu’elle voudra bien coopérer et ressortir de sa tanière ! C’est une pêche très ludique, mais il faut bien brider le poisson et avoir son frein serré à la limite de la rupture. Sinon, c’est le frottement assuré de la tresse sur la roche et le claquement fort désagréable du fil qui casse. Mon compagnon lui, trouve cette pêche peu à son goût, car j’ai 11 carpes rouges et vivanos à mon compteur et lui un seul au K-Ten ! Il enrage et forcément j’en rajoute un peu… Mais c’est de bonne guerre et je sais que ce sera mon tour une prochaine fois !

Nous offrons les vivanos et une carpe de 4 kilos à deux femmes et une petite fille, qui sont bien sûr enchantées de varier un peu leur menu quotidien. Nous changeons de spot et allons à la recherche de mon poisson fétiche, la carangue ! Une fois de plus, le popper ne donne rien. Je change pour le PN, fais un barracuda, puis me fais couper mon avant-dernier Cultivas S. Ce qui m’énerve ! Jean-Pierre se fait couper son K-Ten, et nous décidons de mettre de l’acier, car les barracudas sont apparemment de sortie ! Je monte un K-Ten, et fais un barra de 80 cm. Puis les touches s’arrêtent net. Nous ne ferons plus rien ! Résultat des scores de l’après-midi 14 à 1… Jean-Pierre est désespéré !

Nous rentrons au camp. Après la douche, je vais voir avec Camille s’ils ont des Cutiva S à la boutique. Pas grand-chose, mais deux leurres leur ressemblent. Pour finir, il me prête six leurres. En cas de perte, nous lui échangerons contre des nôtres. Succulent souper avec un carpaccio d’otholites et de maquereaux bonites, suivi de steak de carangues. J’aurais juré que c’était de la viande ! Bravo cuistot ! Malheureusement le repas fut perturbé et nous avons même fini de manger à l’éclairage lunaire, car il y avait des milliers de papillons qui nous tournaient autour. Une éclosion gigantesque comme je n’en avais jamais vu. La moindre lumière attirait des nuages d’insectes divers. Comme si tous s’étaient donné le mot pour éclore ce soir-là. Les dernières pluies dates d’il y a deux semaines et toute l’humidité contenue dans la terre est en train de s’évaporer. De ce fait et même pour les indigènes, la chaleur alliée à cette très forte tiédeur, est particulièrement difficile à supporter. Nous transpirons 24h sur 24.

Cinquième jour de pêche à l’archipel de bijagos

Nous partons à 09h00 sous un ciel couvert et une mer un peu agitée par le vent, direction un spot à la calée. Nous montons trois cannes pour les gros poissons que nous mettons dans les supports et deux cannes plus légères en 20 lb que nous tenons à la main.

Le fond est parsemé de roches et les casses sont très fréquentes sur les départs. Soit on est pris dans la caillasse, soit sur de gros départs la tresse frotte et malgré un frein bien serré, c’est la casse assurée… et très rapide ! Nous ferons tout de même de belles carpes rouges, des dorades, des pagres et des vivanos. Belle variété de poissons ! La dernière dorade que je remonte… est déchiquetée par un requin. Impressionnant ! Nous retournons pour manger au camp sous un ciel qui s’est découvert et le vent qui est tombé.

Après le repas, nous repartons cette fois-ci pêcher au lancer (poppers et PN) sous une chaleur de plomb, il n’y a plus une brique d’air. Le soleil nous brûle la peau. Mais pire que ça, nous avons beau nous démolir les bras à lancer, pas une branlée dans la canne… On change de poste et enfin je finis par faire une petite carpe rouge au PN. Tout à coup, depuis le rivage, une femme nous fait de grands signes en criant. Je pense qu’elle nous interpelle pour avoir un peu de poisson. Mais non ! Elle est accompagnée d’un gamin de 9 à 10 ans qui n’est pas… à elle ! Elle l’a trouvé sur la plage ! Le petit vient de Bissau. Il a été oublié par un groupe de pêcheurs qui se déplacent en barque traditionnelle et qui l’ont oublié ici.

Nous les apercevons au loin et je sens que Beto est emprunté vis-à-vis de nous sur ce qu’il doit faire. Je luis dis donc de prendre le petit avec nous et de le ramener sur sa barque. Le garçon monte à bord. Il est assoiffé ! Je lui offre donc une grande bouteille d’eau et… deux Ricolas pour la route ! Nous rejoignons les indigènes, qui sont tout heureux de le retrouver ! Ils sont une dizaine entassée à bord sur une embarcation en bois avec une petite cabine. Apparemment aucun d’eux n’avait remarqué la disparition du petit… !!! Nous leur faisons nos adieux, et partons pêcher en bordure d’île, une zone rocheuse. Nous y ferons plusieurs carpes rouges, ainsi qu’un barracuda pour J-P.

La chaleur est tellement forte que je dois m’arrêter un moment de lancer, avant que je ne tourne de l’œil. On décide de partir à la traîne, mais la première touche est longue à venir, mis à part une attaque sans suite. Puis c’est au tour de J-P d’avoir une attaque. Grosse touche, le moulinet chante fort et le fil se dévide à toute vitesse ! Après une belle bagarre, il met au sec un barracuda de 1m58 pour 15kg300 ! Jean-Pierre est aux anges ! À peine le poisson monté à bord, qu’une grosse chasse de carangues éclate tout près du rivage. Beto fonce dessus, je laisse l’honneur à J-P de lancer en pleins dans le bouillon créé par les poissons en furie. Pour qu’on ne s’emmêle pas les lignes, je lance à droite de la chasse. Mais elle a décidé de partir sur la gauche… Donc une carangue pour J-P et nada pour moi ! Pas le temps de relancer que tout est redevenu calme…

On remet nos lignes à traîne à l’eau et J-P avant d’avoir pu régler son frein a déjà une touche ! Pour ma part, mon leurre n’a pas encore touché l’eau… Il fera une belle carpe rouge ! Je ferais un barracuda qui se décrochera au bateau, puis nous traînerons encore un petit moment. L’heure de rentrer avec un superbe coucher de soleil arrive rapidement. Lorsque nos pieds toucheront la terre de Kéré, il fera déjà nuit.

Sixième jour de pêche

Ce matin, nous partons avec Beto dans un secteur nommé « aux 19 Poppers » situé loin du camp à 45 minutes de bateau. Il porte ce nom à cause d’un pêcheur qui a perdu…19 poppers en un après-midi dans cette sorte de marmite de rocheuse. Le vent souffle fort aujourd’hui et l’eau est trouble. La pêche est difficile, très difficile. Je ferais durant cette matinée, deux carpes rouges et une orphie, qui après de multiples sauts acrobatiques se décrochera ! Mon compagnon ne fera rien… Nous nous arrêtons pour pique-niquer sur une belle plage de sable, bordée de cocotiers et pleine de gosses !

L’autre équipe de pêcheurs de Kéré nous rejoint, mais ne daigne pas manger en notre compagnie et s’installe 50 mètres plus loin… Nous ne sommes pas franchement étonnés, car que ce soit le matin, le soir ou lors de leur arrivée, mis à part un ou deux de leur groupe… ces pêcheurs ne nous ont pas adressé la parole. Même pas un bonjour durant toute leur semaine au camp ! On devait sentir mauvais sûrement… Belle mentalité !

Les gamins eux veulent prendre des poses ou faire des grimaces et voir le résultat photographique. Ils se battent presque pour savoir à qui ce sera le tour.

Dans le lot il y a une toute petite fille (la plus jeune) que je prends en photo seule, car je la trouve très photogénique. Je lui montre ensuite son portrait sur l’écran… Mais à peine a-t-elle jeté un coup d’œil dessus, qu’elle se lève et part en courant complètement paniquée. On a tous bien rit ! Elle fut rapidement rassurée par ses amis et sa peur disparue. Du coup elle est revenue pour une deuxième photo !

Nous mangeons en leur compagnie et partageons nos sandwichs, la salade ainsi que le riz et le poisson de Beto. Ils sont affamés ! Un pêcheur à l’épervier se joint à nous, il est bredouille depuis ce matin.

Nous repartons sous une chaleur extrême et faisons le fameux spot aux 19 poppers. Résultat… pas vu la moindre écaille ! Tout à coup une chasse se déclenche ! Les affaires et l’espoir reviennent ! Nous faisons chacun une carangue… puis plus rien. Nous partons pêcher les pointes de roche et je ferais péniblement trois carpes. J-P lui, casse sur la seule touche qu’il aura. Le poisson est parti dans son trou, il se décroche et le PN reste dans le rocher.

Nous avons fait le tour de l’île et nous nous retrouvons sur le spot à calée. Betto ayant donné les appâts de ce matin au pêcheur à l’épervier, on est mal pour la calée. On s’essaie donc au jig une dizaine de minutes. Mais sans sondeur, ce n’est pas vraiment l’idéal. Je troque ma canne et je prends celle en 20 lb. Je ferais une rascasse ainsi qu’un maquereau bonite sur mon dernier Pointer S fétiche. J-P qui n’en peut plus de lancer et ne rien faire veut aller à la traîne. Nous ferons chacun 1 barracuda, puis nous rentrons sur notre îlot. Jean Michel et son père ont carrément cartonné en carangues, barras, carpes et même un petit requin au banc de sable de Formosa !

Septième jour de pêche

Départ à 08h30 pour le banc de sable de Formosa. On s’arrête dans un très joli chapelet d’îles. Mais il n’y a aucune activité de surface et le popper ne donne rien. Je monte mon petit S Pointer fétiche, et je me régale sur les carpes rouges et les mérous. Tout à coup je vois un énorme banc de carangues qui suivent mon leurre jusqu’au bateau ! Je le relance immédiatement mon leurre à deux mètres devant moi. À peine a-t-il touché l’eau que la touche est immédiate et brutale.

Le poisson part dans la passe entre deux îles. La marée est descendante et je n’arrive pas à arrêter sa fuite malgré un frein bien réglé. Il me prend plus de 100 mètres de fil en quelques secondes, aidé qu’il est par le courant. Le frein hurle, et ma bobine de 150 mètres de 20 lb arrive gentiment à la fin… J’ai la trouille de perdre ce poisson ! Je serre mon frein de deux crans, mais mon moulin continue de hurler ! Je ne m’en suis pas rendu compte immédiatement, mais Beto a levé l’ancre pour permettre au bateau de dériver derrière le poisson. Heureusement pour moi d’ailleurs ! Après un long moment, qui m’a semblé être une éternité, j’arrive à pomper et reprendre un peu de fil au poisson. Après de longues minutes, le poisson approche du bateau… et comme par hasard, il décide d’en faire le tour du côté du moteur bien sûr ! Je flippe, mais une fois encore, Beto arrive à me sortir de ce mauvais pas ! La carangue part maintenant en direction de la roche. Par chance pour moi mon bas de ligne tient le coup et la tresse ne va pas s’y frotter !
Après une quinzaine de minutes de combat, je mets au sec une carangue Pompano de passé 10 kilos ! Je suis fière de mon coup de ligne, car des pompanos de cette taille ne sont pas légion dans la région !

Nous décidons de partir à une autre passe, située à cinq minutes de bateau. Je fais des rouges et des mérous en pagaille et J-P une jolie carangue !

Puis nous retournons sur les lieux de mon dernier forfait. Encore un festival de carpes, mérous, ainsi qu’un rémura au Mister Joe et un barracuda loupé !

Il est l’heure pour nous de rejoindre le fameux banc de sable de Formosa qui est encore assez loin. Après toutes ses émotions, j’en profite pour piquer un petit roupillon bien mérité au fond de la barque ! Le coin est constitué d’un chenal avec de chaque côté un banc de sable, bordé de palétuviers.

Il y fait une chaleur extrême et pas une brique de vent. Nous y installons un banc et un petit parasol pour manger en compagnie de Jean-Michel et de son père. Je crois que je n‘ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Il doit faire au moins 50 degrés au soleil.

La marée c’est inversée, elle commence à monter. Nous voyons arriver les bancs de mulets suivis des carnassiers qui entrent dans le chenal. Nos cannes sont déjà prêtes et nos poppers à l’eau. Une chasse se déclenche juste à côté de notre bateau. J’y lance mon Surface Bull et touche une jolie carangue qui repartira vite à l’eau. Ensuite je ferai un barracuda de plus d’un mètre, ainsi qu’une… petite orphie ! Plusieurs chasses ont lieu, mais elles sont trop éloignées pour pouvoir les atteindre. J-P fera tout de même un bébé requin au popper. La marée est maintenant haute et tout le sable recouvert par l’eau. Le changement est impressionnant ! Cette pêche au lancer depuis le bord, me rappelle un peu le Gabon, les vagues en moins et la chaleur en plus. En tout cas, d’excellentes sensations et un énorme plaisir !

Il est maintenant temps pour nous de repartir. Nous faisons encore environ 55 minutes de traîne près de Kéré. Deux poissons loupés pour moi. Deux barracudas et deux carpes rouges pour mon binôme.

Huitième jour de pêche

Ce matin, nous avons une journée de pêche à Bijagos programmée avec notre fidèle Beto. Les appâts tout frais sont embarqués avec nous et nous visons les grosses carpes rouges, les otholites et pourquoi pas… le roi tarpon ! On peut toujours rêver, non ? Arrivés sur le spot, trois cannes sont tendues. Pas de grosse activité, malheureusement. Mais une chaleur à assoiffer un chameau. A nouveau, pas un pet de vent. Nous installons un petit parasol pour nous réfugier durant cette pêche d’attente. Je fais un rouge de 4 kilos environ et à la palangrotte une petite otholite. Par contre sur la canne à tarpon… nada.

Autour du bateau, il commence à y avoir des chasses de maquereaux bonites un peu partout ! Leur petit jeu du jour consistant à couper sans arrêt nos lignes tendues à la calé. Ce n’est pas que ça m’agace, mais c’est tout comme… Je monte donc une cuillère avec un bas de ligne acier, dans le but de me faire un carpaccio ce soir, et accessoirement me venger ! Au premier essai, bang, un beau maquereau de 50 cm ! Les chasses s’éloignent et je pose ma canne au bord du bateau, ma cuillère pendant à fleur d’eau…dans l’attente d’une prochaine chasse. Puis je retourne à ma petite canne à palangrotte. À peine ai-je posé mes fesses, que Jean-Pierre hurle : « la canne est partie à l’eau » !!! Le scénario de l’horreur ! Ma Zenaq Défi Muthos que je viens d’acheter et mon Stella 5000 tout neuf sont en train de partir à la dérive en compagnie d’un poisson au bout de la cuillère !!! C’est pire qu’un cauchemar pour moi. Je hurle à la mort et je veux me jeter à l’eau pour essayer de la récupérer. Mais Beto ne dit rien et je n’ose pas sauter à l’eau sans son accord. Je lui dis de suivre ma canne avec le bateau avant qu’elle ne coule complètement. Mais nous sommes ancrés bien loin… et forcément à l’opposé de la dérive de ma Zenaq, qui pour je ne sais quelle raison, a le talon qui émerge encore de l’eau (peut-être le poisson essayant de rejoindre la surface ?). Je la vois s’éloigner dans le courant, pour finalement disparaître au fond de l’océan. Je tremble de tout mon corps et la seule envie que j’ai à ce moment-là c’est de pleurer. Ce matériel, dont j’ai tant rêvé et qui a hanté mes nuits, a disparu dans les ténèbres.

Beto de son côté avec un calme olympien, prend une canne de calée et effectue un lancer. Je suis en train de me maudire, quand tout à coup Beto me dit d’une voix monocorde : Yves, j’ai ta canne ! Elle était entre ses mains avec le maquereau toujours au bout !!!! Au premier essai, il a réussi à entourer le plomb à ma Zenaq. J’ai cru que j’allais embrasser mon sauveur ! Ce gars est un Dieu. Je sais qu’il pratique la magie noire… Il a peut-être réussi à casser le sortilège qu’un certain Alain (Kassumay) m’avait lancé à Tarascon ou à Istres…
Mes jambes me lâchent et je dois m’asseoir tellement je tremble. Mon corps est pris de convulsions sous le coup de toutes ses émotions. Je me venge en faisant encore deux maquereaux qui passeront à la casserole !

Puis, nous rejoignons le camp pour dîner. Quand nous arrivons, les autres sont déjà au dessert ! Le repas est délicieux, comme toujours. Jean-Michel et Michel, son papa s’en vont pour la France à 15h00. Leur séjour se termine en beauté avec un barracuda de 25 kilos, pris au Man’s à la traîne.

Nous leur faisons nos adieux et partons traîner sur proposition de Beto. Nous mettons des Rapalas Magnum 24 cm.

Je ferai deux barracudas dont le plus gros accuse 11 kilos 200 pour 1m37. Mon pote en fera également un de 1m37 mais pour 10 kilos 800 ! Ensuite, départ pour un petit coup de jig (madaï), mais sans résultat. Bon sans sondeur, ce n’est pas l’idéal tout de même…Nous finissons cette journée au popper et au poisson nageur sur les bordures. Une chasse se déclenche au large. Beto fonce dessus, je lance un petit Halco Roosta et boum ! Je suis en 20 lb avec ma petite canne et la carangue m’en fait voir de toutes les couleurs. Elle décide tout à coup de passer sous le bateau… je plonge ma canne dans l’eau, tout en la tenant à deux mains, car à l’autre bout on n’est pas là pour rigoler. Je suis penché au-dessus de l’eau, mais je n’arrive presque plus à tenir la canne dans cette position. Je crie à Beto de m’aider à desserrer mon frein. Mais il ne bouge pas… Il aide J-P à démêler sa tresse ! Le poisson se décide finalement à ressortir de sous le bateau, mais ceci pour mieux y retourner ! Quand j’arrive enfin à le calmer et le ramener à deux mètres de moi, sur un dernier gros rush… il se décroche ! J’enrage ! Je suis tout tremblant et essoufflé. Mais pour me consoler, il m’a laissé une écaille sur une branche du triple… Sympa !

Le soleil nous a déjà offerts depuis un bon moment, un superbe coucher, comme chaque soir depuis notre arrivée à Kéré. La nuit tombe maintenant rapidement. Il est l’heure pour nous de rentrer.

Neuvième jour de pêche à l’île de Maio

Ce matin départ pour l’île de Maio. En cours de route, nous nous arrêtons pour pêcher plusieurs spots à carangues, mais sans succès. Bouches cousues….En face de Maio, il y a un tout petit îlot. Les carangues y chassent à tout va ! Je me ferais plaisir en pêchant au Hot Dog sur des poissons de 7 à 8 kilos. Une fois les chasses reparties, nous continuons notre itinéraire et pêcherons les entrées de deux réserves de pêche, mais ceci sans succès, malgré la clarté de l’eau. Par contre, sur des fonds rocheux, nous prendrons mérous et petites carpes rouges. Retour à Maio, où nous pique-niquons sur la plage à proximité d’un ancien camp de pêche en ruine.

Quelques gamins nous y rejoignent, ainsi qu’un ancien. Ils ont tous faim. Betto nous explique qu’habituellement les indigènes sur ces îles ne mangent qu’une seule fois par jour vers 16h00…Sacré paradoxe de relâcher les poissons quand d’autres ont faim… dixit notre marin, qui n’a pas tout tort ! Nous partageons notre repas avec eux et il n’en restera pas une seule miette ! Durant le dîner, on voit passer deux gamins d’environ 5 et 8 ans avec des seaux d’eau sur la tête. Ils font des allers et retours avec l’eau potable récupérée dans le puits situé au bout de la plage et leur village. Rude vie quand même…Nous, c’est le ventre repu, que nous partons vers le banc de sable de Formosa. Arrivé sur le spot, il y a un petit vent, fort agréable. Ce qui n’était pas le cas l’autre jour, où le banc de sable était une vraie fournaise.

Je me mets à l’entrée du bolon et très rapidement d’énormes chasses de barras se déclenchent ! Ils chassent à deux mètres de moi… Je ne suis pas rassuré sur ce coup-là et je sors de l’eau pour me mettre à l’abris ! J’en fais un au Hot Dog et un autre au popper. À chaque fois le poisson a fait une énorme chandelle en attaquant le leurre. Impressionnant !

Tout à coup, les carangues arrivent à la poursuite des mulets. Elles chassent près de la bordure. Je lance mon popper dans la curée, et immédiatement il est englouti. Après une belle bagarre, je mets au sec une carangue d’une dizaine de kilos. La curée se calme et surtout, n’ont lieu que très au large. Elles sont accompagnées par des nuées d’oiseaux qui tournoient au-dessus d’elles.

A Formosa, vit un serpent gigantesque avec une queue de poisson. Il a été vu entre autre par Laurent Duris, Camille et trois pêcheurs… Camille m’a juré qu’ils n’avaient consommé aucune substance illicite… Sans parler de Beto qui l’a aussi vu et qui en a une peur bleue. Donc forcément on scrute l’horizon dans l’espoir d’apercevoir le monstre mythique ! Tout à coup J-P gueule « y a une énorme bête devant moi, elle sort de l’eau et replonge là-bas au loin » ! J’accours en espérant voir cette apparition qui confirmerait l’existence de cette bête mystérieuse. Je scrute au loin pour la voir, effectivement il y a quelque chose…. Un superbe dauphin ! Ben ce ne sera pas pour aujourd’hui que je photographierais le monstre de Formosa. Mais j’espère bien le rencontrer un jour !

Jean-Pierre fera encore pour terminer cette journée, une jolie carangue avant notre départ.

Nous arrivons au camp à la tombée de la nuit. Après une bonne douche et l’apéro, quatre énormes plateaux d’huîtres grillées au feu de bois nous attendent pour… l’entrée ! Ce fut délicieux ! La suite est composée de steak haché de carangue qui ressemble à s’y méprendre à du bœuf, accompagné de patates purées. Nous nous sommes une fois de plus léché les babines ! Par contre c’est soir de pleine lune, et les jours à venir confirmeront malheureusement pour nous, que la pêche est bien plus difficile durant cette période lunaire…

Nous irons nous coucher comme d’habitude dans une chaleur moite, et malgré une très grande fatigue, j’ai de la peine à trouver le sommeil. Des maux de tête violents perturbent ma nuit. Peut-être sont-ils causés par la déshydratation.

Dixième jour de pêche

Pour aujourd’hui, nous mettons un peu de côté la pêche. Ce matin, nous partons avec Beto et un « guide » (employé sur Kéré), natif de l’île de Caravella, qui est située à une vingtaine de minutes de notre îlot. Vu que c’est dimanche, nous avons fait une grasse matinée (involontaire…) et nous partons donc vers les 09h30. En cours de route, nous nous arrêtons une dizaine de minutes sur une zone rocheuse très proche du rivage. J-P après quelques lancés, fera une carangue au Halco Roosta. Elle servira de petit cadeau pour la famille du guide. Arrivé au point de débarquement, il amarre le bateau au large et revient à la nage, car nous sommes en phase de marée descendante. Pour pouvoir accéder à ces villages en toute sécurité et éviter de débarquer comme un chien dans un jeu de quilles, l’autorisation avait été demandée au chef, le jour précédent.

Nous partons à pied à travers la forêt et nous y croisons…un groupe de militaires (sans uniforme mais armés de vieux fusils) ! Ils sont censés monter la garde contre les indigènes des îles voisines qui voudraient venir chasser ici. A environ 5′ de marche des premières cases, il y a une sorte d’autel pour procéder aux cérémonies d’invocation des esprits et aux sacrifices d’animaux. Nous poursuivons notre route et arrivons au premier village.

Nous sommes accueillis par une bande de gamins qui nous sautent dessus pour nous prendre les mains, nous tâter et tirer les poils de nos bras qui ont l’air de particulièrement les intriguer. Des poules, des chèvres et des cochons courent dans tous les sens. Une vie pauvre en communauté. Chaque famille vit dans une case à pièce unique. Nous visiterons deux villages. Un jeune garçon est également venu vers nous, accompagné par des adultes, dans le but de soigner une blessure à sa jambe ! Malheureusement nous n’avons même pas du désinfectant avec nous. Ici, pas de médecin, ni de médicaments.

Les femmes transportent du bois, des vêtements lavés ou encore des bacs de riz énormes depuis les rizières en équilibre sur leur tête. Elles font la lessive, la vaisselle, des tresses etc… Les hommes étaient oisifs devant leur hutte. Apparemment le travail au village est dévolu aux femmes. Le travail en forêt et aux champs aux hommes. Bien que la récolte du riz soit faite par la gent féminine. Le même système s’applique aux enfants. Les petites filles travaillent dur dès leur plus jeune âge. Ils vivent en quasi-autarcie sur leur île. Pas de bateau pour rejoindre le continent. Pas de commerce établi. Juste un peu de contact de temps en temps avec des gens de passage. Ils produisent uniquement ce dont ils ont besoin pour leur consommation personnelle. Pas de surplus. Ici, il n’y a pas de scolarisation. C’est impressionnant de voir cette vie toute faite de modestie et de simplicité, tellement à l’opposé de la nôtre.

Nous avons également eu droit à la dégustation de jus de palme fermenté… Franchement j’ai eu beaucoup de peine à finir le verre… et j’ai refusé le deuxième, bien que j’aie une grosse soif ! Les gamins sont surexcités par les photos et ils se disputent pour savoir qui pourra figurer dessus. Les portraits s’enchaînent seul ou en groupe et leurs rires résonnent dans le village.

Pour nous il est l’heure de repartir et dès que nous avons atteint la bordure du village, nous nous retrouvons seuls, comme si une frontière invisible existait.

Nous récupérons notre embarcation et sur le chemin du retour, nous serons accompagnés par un banc de dauphins que nous apercevrons à quatre reprises. Sur Kéré, le repas sera vite avalé et nous repartons à 15h30 pour le banc de sable de Formosa.

Il y a de l’activité partout, avec de terribles chasses de barracudas. Mais aucun ne daigne croquer un de nos leurres ! Puis les carangues arrivent dans le bolon comme des folles ! Sur quatre ferrées… J’en perdrais quatre ! J’enrage ! Jean-Pierre en touche trois. Une qu’il mettra au sec et pour les deux autres, sa tresse sera coupée par les maquereaux bonites. Le pire dans cette histoire, c’est qu’il a perdu son Halco Roosta fétiche qui était bleu à l’origine, ne ressemblait à plus rien, mais qui avait déjà pris nombre de poissons depuis notre séjour au Gabon… Souvenirs. Il est furieux !

Quand nous rentrons au camp, il fait déjà nuit. Laurent Durris est de retour après une semaine à Bissau, suite à une crise de paludisme très violente. Son foie et ses reins étaient déjà attaqués et il a fallu le soigner par injection. C’est un habitué, qui a déjà fait onze jours de coma causé par le palu. Sa femme nous explique que dans les pharmacies de la capitale, on vend également de faux médicaments anti-palu, avec l’emballage de l’original bien sûr !

Onzième jour de pêche

Ce matin, nous partons jiger avec la vedette équipée de la station de pêche en compagnie de Camille. Nous débutons au même endroit que la dernière fois, c’est-à-dire en bordure de la grosse fosse. Je commence par un madaï… mais rien ! Je me décide de monter au bout de mon Ilex Tyrant un leurre souple sur tête plombée. Cela me permet d’avoir plusieurs attaques, mais je n’arrive pas à les ferrer. Pour finir je remonte mon Sandra coupé en deux… Je reprends ma canne à jig et y monte un inschuku. Le résultat se solde par un petit mérou et mon leurre qui finira peu après sa carrière dans un rocher sur le spot appelé « le Caillou magique »… ça devait être de la magie noire aujourd’hui… J-P fera lui un mérou et 2 otolithes au Bucktail jig. Pour ma part j’ai encore insisté au Sandra, mais sans succès. Nous rentrons au campement pour 12h30 après cette matinée misérable. Laurent Duris est furax, car des clients venus du Sénégal, avec leur bateau personnel se mettent à pêcher à la calée sur les dérives à jig. Il veut les remettre à l’ordre ce soir…

Une fois le ventre repu, nous repartons sur le coup des 15h00 pour la « Pointe aux Tarpons ». Nous faisons un petit arrêt en cours de route et je touche un poisson d’entrée. Il se cale dans un trou, dont je n’arrive pas à le déloger. Il finira par me couper le fluoro avec les dents. Le coin est prometteur, malheureusement il n’y aura plus une seule touche durant ce qui me semblera être des heures… Les bras me font mal à force de secouer mon jig ou de lancer mon leurre souple. Pas d’activité, ni en surface, ni au fond, malgré des échos sur le sondeur. Bien que nous ayons vu à plusieurs reprises les tarpons rouler à proximité de notre embarcation. La canne que nous avons mise au tarpon à la calée (le tarpon aurait été pour moi après tirage au sort) aura bien un semblant de départ (poissonnet mâché), mais rien de piqué sur le circle.

Dans ma tête je me dis qu’il y en a marre de racler le fond avec ce Shad, et que je vais tenter de le ramener entre deux eaux. L’idée était bonne, car au premier lancer je prends une énorme châtaigne dans la canne. Que ça fait du bien ! Après une belle bagarre je ramène une carangue de 7 kilos au bateau. Je la décroche, Camille replace le bateau et moi je me dépêche de relancer. Et boum ! Encore une de prise ! La défense est très spectaculaire et je suis bien content d’avoir rajouté 150 m de tresse en plus sur mon moulinet après la prise de la pompano. Mes bras sont en compote, je transpire comme un bœuf et j’ai le souffle court. C’était un super combat en 20 lb, avec ma petite canne. Elle accusera 10,2 kilos au peson. Heureusement que ces deux carangues m’ont sauvé ma journée ! Mon compagnon lui n’aura fait qu’un petit barracuda guinéen. Il frise la dépression à la fin de cette journée. !

Douzième jour de pêche

Tout le staff de Kéré a une réunion ce matin, pour mettre certaines choses au point, voir mettre les points sur les i… Dont une sortie nocturne en bateau au « village » non autorisée, vu qu’elle ne s’est pas faite sur un des jours de la semaine prévus à cet effet. De ce fait, ce matin nous partons pêcher avec Camille. Nous irons tenter notre chance autour de l’île de Caravela et quelques petits îlots. Dès le départ, sur le premier poste, après mes premiers lancers, je décroche une carpe rouge au popper. Peu après, je fais une carangue. C’est d’ailleurs la première que je fais au popper depuis le début du séjour sans que ce ne soit sur une chasse ! Jusqu’à présent sur les postes elles étaient toujours restées bouche cousue. Mon ami J-P, en touche également une, puis le banc disparaît. Nous faisons alors le tour de l’îlôt mais sans succès. Nous nous déplaçons pour aller pêcher les bordures de Caravela et les rochers immergés. Dès qu’une chasse est repérée, nous fonçons dessus. Nous touchons tous les deux des hippos et je décide de tester un Débu Nyoro Puissant pour pêcher au-dessus de la roche. Sans succès au début, puis j’attrape une carangue. Je fais un lancer bien appuyé avec mon leurre et au moment où il part comme une fusée, un énorme coup de vent le ramène vers la canne et le fait s’accrocher à un anneau… résultat : l’anneau et la tresse cassent et le tout tombe à l’eau avec le leurre ! Je jure comme un charretier. Ici, il ne sera arrivé que des malheurs à mes cannes !

Pas le temps de pleurer sur mon sort pour le moment, car les chasses elles, ne s’en préoccupent pas et continuent de plus belle au bord des palétuviers. Jean-Pierre en touche une grosse dans très peu d’eau, mais énormément de roche. On la voit filer, il tente de la brider, mais elle ne l’entend pas de cette oreille… elle file à gauche, puis à droite et pour finir s’en va dans une espèce de bras de mer entre deux îlots avec pour ainsi dire pas de fond… et ce qui devait arriver… arriva ! J-P est furax ! On se rentre pour dîner après ces émotions et on s’autorise même exceptionnellement une petite sieste, car il n’y a plus une brique d’air et il fait une chaleur extrême.

Départ à 16h00 avec Beto, du côté des roches rouges pour tenter de faire des hippos, mais rien ! Nous nous rendons un peu plus loin vers le parterre de roches immergées et je fais un mérou et une carpe, mon compagnon un maquereau. Mis à part ça, c’est le désert… A notre retour, les trois Français qui sont arrivés depuis le Sénégal, on fait un barracuda de 25 kilos 600 ! Superbe poisson ! Nous, malgré nos essais avec divers leurres… ce fut un après-midi bien difficile.

Treizième jour de pêche

Ce matin nous partons avec Beto, accompagné de Camille pour l’île d’Uno et de Cute. Nous avons plus d’une heure de navigation à faire. Nous serons accompagnés durant une partie du trajet par un banc de dauphins, qui nous offrira un magnifique spectacle.

Nous commençons par prospecter de spots à carangues au popper. Rapidement j’ai une attaque et un suivi sans suite… les choses commencent bien ! Mais les affaires se corsent rapidement… Les spots sont superbes, mais on n’a pas une branlée dessus ! Sur une zone rocheuse je fais tout de même deux carpes rouges au Saltiga stick bait. Puis entre deux rochers émergés, une carangue d’environ 8 kilos au popper.

Nous nous déplaçons sur un grand plateau rocheux rempli de petits rouges et de mérous. Tout à coup nous voyons sous le bateau un gros cobia d’une trentaine de kilos ! Il suit mon stick… mais daigne le prendre en gueule ! Branle-bas le combat sur le bateau, J-P le tente au poisson nageur et Beto au jig… mais rien n’y fera, il repartira tranquillement comme il est venu ! C’est frustrant…

Nous décidons de rejoindre le spot où j’avais pris ma pompano. Mais rien. La marée est haute et je ne reconnais même pas le coin ! Déçus du résultat, nous partons nous ancrer dans une zone où habituellement chassent les carangues. On monte les parasols et on se fait un bon casse-croûte à l’ombre d’un soleil de plomb ! Une fois repu, Camille fera nombre de petites carpes au popper et moi je teste le Bicuda sur elles, avec un peu moins de succès. Mais des touches de carangues, là c’est le néant… Le but n’est vraiment pas atteint et nous levons l’ancre. J-P fera une sénégalaise en cours de route et moi… je finis par m’endormir en fond de cale !

Quand je me réveille nous sommes… à Formosa ! Il y a eu changement de programme vu les résultats…. ! La marée est maintenant descendante et le banc de sable est entrain de ce découvrir à vue d’œil. Nous lançons divers leurres mais sans succès. Tout à coup des chasses se déclenchent. Camille prendra deux hypos et un petit requin. J-P touche une grosse carangue qui ira casser son fil dans une épave constituée d’une pirogue, entraînant avec elle son dernier Surface Bull… Il est ultra furieux ! Il venait de le sortir de l’emballage et accuse la tresse du moulin de location d’être de la merde. Ce qui froisse un peu notre guide… la tresse ayant un mois. Je repère un barracuda qui chasse et lance un gros popper un peu au-delà du poisson. Il fait un saut d’1m50 avant de retomber et d’engloutir mon leurre ! Belle bagarre, suivie… d’un décroché ! Nous continuons à marteler le coin de nos nombreux lancers, mais plus personne ne touchera du poisson. Le soleil commence à se coucher à l’horizon et l’heure de rentrer est arrivée pour nous. Beaucoup de kilomètres parcourus et peu de poissons. Ce fut une journée décevante. Nous arrivons sur Kéré avec le moral dans les chaussettes et les bras en compote. Les trois Français du Sénégal n’ont pas pris grand-chose non plus. Ça devait être général. Ça rassure la moindre… Espérons que demain, notre dernier jour complet sera meilleur comme souvenir. Ce soir nous aurons une soupe de crabe. Ce sont Laurent et sa fille qui les ont ramassés cet après-midi. Le potage fut délicieux.

Quatorzième jour de pêche

Dernière journée complète de pêche… Faudra assurer ! Camille à la pression et vient avec nous ! Nous partons une fois de plus en direction du banc fétiche et superbe de Formosa. Nous nous ancrons dans un bolon où nos copines les carangues entrent quand la marée monte. Le coin est très joli. Les barras chassent, et J-P loupera deux maquereaux bonites, mais des poissons mordeurs… NIET ! La matinée commence plutôt mal… et le soleil cogne déjà très fort. Nous partons en direction d’Uno. Nous ferons chacun un mérou, qui aura le mérite de nous sauver d’une cinglante bredouille.

Nous sommes brûlés par le soleil et désespérés. Je pêche avec un plug Orion dans les roches et soudainement je touche un gros rouge ! Départ de folie et poisson qui fonce droit dans les cailloux… Impossible à brider. La casse est sans appel. J’enrage ! Quand tout à coup, nous repérons au loin une chasse ! On fonce dessus, mais arrivés sur place, c’est déjà trop tard. Ce petit jeu durera à trois reprises. La quatrième tentative sera la bonne ! Je sors sur ma petite canne de 20 lb une carangue ainsi que deux maquereaux qui viennent jouer les troubles fête ! Les hypos sont derrière le leurre, mais les bonites s’en emparent avant elles ! J-P fera deux carangues, mais la deuxième ira s’emmêler avec la ligne à Camille qui lui, en tient aussi une… Par chance, rien ne casse ! Et chacun fera son poisson ! La curée se termine et il n’y a plus âme qui vive aux alentours. Nous allons pique-niquer sur un îlot où pousse un semblant d’arbre. Ce qui permet de nous abriter en partie du soleil sous un petit baobab.

On repart dans la fournaise et nous touchons un peu de rouges ainsi que des mérous au Vitala et au Big Foot, mais rien de vraiment intéressant. Camille et Betto décident de partir pour Formosa. Le trajet est long et une fois de plus, je pique du nez au fond de la barque… Une fois arrivé, je monte sur ma Zenaq un Surface Bull tout beau, tout neuf ! Après quelques lancers : énorme touche ! Je gueule de joie et le poisson part en trombe, le frein hurle… et la ligne casse ! p*t*n la poisse… et je crie encore plus fort !

Camille, toujours très serviable, vient vers moi pour refaire en vitesse un bas de ligne. Pendant ce temps, J-P en profite pour sortir un beau barracuda ! Je ne vais pas me laisser faire et je sors de son emballage un superbe Halco Roosta vert. Après trois lancers, un barracuda gicle à 1 mètre au dehors de l’eau et retombe sur mon leurre pour l’engloutir dans un gros remous. Quelques secondes au bout de la ligne… et la tresse casse ! Quelle m*r*e, je n’y crois pas. J’enrage sérieusement et je suis ultra-furax ! De la tresse toute neuve et qui m’a coûté la peau des fesses !

Suis condamné à retourner une fois de plus à l’embarcation où se trouve mon matériel pour refaire mon montage. Je mets cette fois-ci un popper 50 Orion. Les carnassiers sont déchaînés, d’énormes bancs de mulets se déplacent en faisant frémir la surface de l’eau et en y créant des vaguelettes. Impressionnant ! Très vite, je suis attelé à un gros barra, qui se décrochera après avoir fait une belle chandelle. Une autre viendra engloutir le leurre à deux mètres de moi ! Quelle surprise ! Mais je le perds également… Heureusement, pour finir, j’arriverais tout de même à mettre un joli barra au sec. Une belle chasse de carangues se déclenche, mais on n’arrive pas à en piquer une seule. Et tout à coup c’est le calme plat. Plus rien ne bouge !

Le soleil commence à se coucher, et nous devons rentrer au campement. En chemin, Camille me parle du record du monde IGFA du barracuda en 20 lb qui est à environ 09kg500. Ils ont sur Kéré une canne et un moulinet monté en vingt livres avec de la tresse certifiée IGFA. Il aurait pu m’en causer plus tôt… Bref, je vais tester ça demain matin ! De retour au camp, Laurent et sa famille… ont disparu… ! Il a laissé des ordres comme quoi demain nous devrons déjà quitter Kéré vers 12h30. Ils veulent faire les navettes depuis Bimboa avec un groupe qui arrive et qui compte 16 portugais. Notre dernière journée de pêche sera raccourcie… dommage, mais c’est comme ça !

Quinzième jour de pêche

Il est 07h30 et mon fidèle compagnon me réveille. Il a raison, on ne va pas se mettre en retard pour notre dernière matinée de pêche !

Non dégustons notre dernier petit-déjeuner au délicieux buffet et partons avec Betto et Camille à la traîne pour tenter de battre le record du barracuda en 20 livres. Peu après la mise à l’eau, j’en fais un petit avec un Man’s de 40 cm !!! Déception ! Peu après je mets un deuxième sifflet au sec… Qui me perce le Man’s ! Le leurre est bon pour le musée… Je le change pour un de 30 cm que Camille m’avait réparé. Il était percé suite à un coup de dent une peu trop appuyé…

Le gros rappala Magnum couleur Guigo mis sur la deuxième canne, fini au fond de l’eau coupé par un maquereau. La perte de leurres continue… Depuis hier c’est l’hécatombe ! J-P fait un barracuda, mais celui-ci se décroche au bateau. Puis plus une touche durant une bonne heure. Bizarre, ça avait pourtant bien commencé ! Nous décidons de changer de secteur et d’aller en direction de Kéré sur le fameux spot du « rocher magique ». J’y touche un barracuda, mais toujours sur la canne chargée en 40 lb. Quelques minutes après, mon leurre fini sa courte carrière, dans la rocaille. Le record du monde sera pour un prochain séjour… ras le bol, on plie et nous rentrons manger et terminer nos valises.

À 13h30 nous sommes à nouveau sur le bateau, mais cette fois c’est pour rentrer…Nous avons fait nos adieux au personnel, qui fut fort sympathique et particulièrement attentionné. Toute l’équipe est sur la plage et ils nous font de grands signes d’adieu. C’est non sans émotion que je quitte Kéré, qui est vraiment un petit paradis sur terre.

La traversée durera 1h45 et je me demande comment notre marin arrive à se repérer en pleine mer sans instrument. Le mystère demeure pour moi. Arrivés à Bimboa, nous pouvons prendre une douche et nous changer. Beto, lui repart avec le groupe de portugais. Nous lui faisons nos adieux. Un taxi est déjà là et nous attend pour nous mener à Bissau.

Le chemin est identique que pour venir, mais nous sommes de jour ! Et ça change tout… Le long de la piste, il y a des habitations et beaucoup de monde ! Des femmes transportant de lourdes charges sur la tête, des enfants qui jouent, des poules, des chèvres et des cochons qui courent, des hommes travaillant aux champs, des jeunes filles qui se font mutuellement des tresses et surtout beaucoup de personnes assises, qui attendent tranquillement que le temps s’écoule sans stress. Plus nous approchons de la capitale, et plus les gens sont « habillés », les toits ne sont plus en paille, mais en tôle et les murs en briques.

Le taxi s’arrête au bord de la route. Pneu crevé… Mais la roue est rapidement changée. Par contre l’arbre de transmission est faussé. Ça c’est plus embêtant, car en plus d’être bruyant, même une fois la piste terminée, on se traîne à 35 km/h… Mais le chauffeur n’a pas dit son dernier mot. Il appelle Emanuel qui vient à notre rencontre pour nous récupérer. L’organisation est vraiment parfaite ! Nous transférons nos bagages et arrivons rapidement à Bissau.

Nous sommes impressionnés par l’écart du niveau de vie qu’il y a entre la capitale et les îles. Un trafic motorisé énorme ! Des nuages de poussière et une odeur nauséabonde de gasoil. Les rues sont noires de monde. Il y règne un vrai folklore ! La chaussée est soit défoncée, soit sous forme de piste de terre, le goudron ayant disparu suivant la portion de la route. Manuel nous dépose à côté de l’hôtel « Kaliste ».

Nous faisons un mini-tour à pieds avec Manu en passant par le port de Bissau et retour au bistrot de l’hôtel. Il règne une chaleur étouffante en ville et J-P souffre. La visite n’est pas franchement intéressante. La plupart des bâtiments tombent en ruine et différentes épaves de camions ou de voitures agrémentent le décor. Seuls ceux, ayant une génératrice ont leur demeure éclairée. Peu sont branchés au réseau électrique de la ville.

Nous nous installons sur la terrasse du restaurant et dégustons enfin un morceau de bœuf après notre long régime constitué de poissons. A 21h45, nous partons pour l’aéroport situé à une vingtaine de minutes. Le trafic est encore dense. Le chauffeur et Manuel nous posent et deux gars arrivent pour nous prendre en charge… On ne sait pas qui ils sont… mais cela va tellement vite que je ne réagis pas. Nous les suivons docilement ! Je me demande comment je vais faire pour le pourboire, vu que j’ai donné tous mes CFA restants à Manu.

A la porte d’entrée, il y a un contrôle des passeports. On passe tout droit et le militaire ne nous demande rien… 15 mètres plus loin, il y a une fouille manuelle de tous les bagages… ça promet avec tout ce qu’on a ! Voilà que l’un des bonhommes qui nous accompagne, va vers un militaire, lui glisse un billet de 100 CFA discrètement dans la main… et on passe comme des grands pour rejoindre la file du check-in… que notre guide remonte allègrement pour tenter de nous placer en première position ! Mais tout devant se trouve un homme d’affaires avec un Guinéen. Ce dernier ne l’entend pas de cette oreille et il s’insulte copieusement avec notre homme « de main ». Je me place gentiment derrière eux, car je n’ai pas envie d’avoir des problèmes ce soir. Et de plus, je ne suis pas trop à l’aise avec ce genre de méthode.

Cette pièce est un capharnaüm inimaginable, je n’en reviens pas. Nous passerons 45 minutes à attendre notre tour ! De tous les côtés ça gueule et c’est totalement désorganisé. Lorsque notre tour arrive, l’agent préposé au check-in nous demande en français si nous sommes ensemble. Ils parlent quelques mots de notre langue et il est apparemment tout content de voir des Suisses, car une fois les bagages enregistrés, il nous serre la main, nous souhaite bon voyage… et nous lance un « à bientôt » ! Nos « passeurs » eux, ont disparu ! Je me demande maintenant si c’était des employés à Laurent ? Apparemment, on ne le saura jamais.

Il est 23h, la chaleur et la moiteur toujours bien présentes, nous font souffrir et rendent encore plus pénible cette attente. Pour tuer le temps nous allons passer une heure à l’extérieur, mais il ne s’y passe vraiment pas grand-chose. Mis à part une multitude de va et viens, de gens qui traînent dehors et attendent, je ne sais qui ou quoi. Nous rentrons et passons le contrôle des passeports, l’accès étant maintenant ouvert. Juste après, arrive le contrôle de sécurité des personnes et des bagages à main.

La fouille corporelle se passe sans problème et nous posons nos sacs sur le ruban à rayons X. Le gars les enlève et les pose à côté, car la machine ne fonctionne pas. Ce sera la fouille manuelle. Jean-Pierre présente son passeport et ouvre son sac à dos. La dame plonge la main dedans… et lui dit que c’est OK ! Je pose mon sac sur la table. Sa collègue me demande de l’ouvrir et de lui donner mon passeport. Je détache la première boucle de mon sac à dos et en même temps lui donne ma pièce d’identité. Elle voit le rouge et la croix blanche suisse et me dit que c’est bon ! Pas de contrôle !

Nous nous asseyons à une table pour boire un verre au bar de la salle d’attente, avec vue sur le contrôle des bagages à main. J’en vois un qui file un billet pour ne pas se faire fouiller sa mallette ! Quel folklore ! On se sent vraiment en sécurité par là… Sans parler que les portes qui donnent accès à la piste sont ouvertes et que n’importe qui peut sortir. De beaux et gros insectes en profitent également eux pour entrer et voler dans tous les sens…

Il est 02h45 et ils décident enfin de nous « installer » dans un bus pour faire les 50 mètres qui nous séparent de l’avion. Nous sommes entassés comme des sardines, mais le bus ne démarre pas… Après une demi-heure d’attente, des gens au bord de l’asphyxie, descendent du véhicule. Les deux tiers du bus sont à présent vides… et le chauffeur démarre ! Les voyageurs qui étaient descendus et ceux qui ne pouvaient pas y monter, traversent alors de rage la piste tous ensemble pour entrer dans l’avion !

En fin de compte, nous décollons avec une bonne heure de retard et forcément on manque la correspondance pour Genève. Nous apercevons juste durant deux minutes le « last call » de notre avion, avant d’avoir le « gate closed » qui s’affiche sous notre nez. Une histoire de quinze minutes… A ce moment-là, y en a marre ! Il est 08h du matin, on est debout depuis 25 heures et nous avons sept heures d’attente pour avoir un autre vol.

Ce matin, il fait un froid de canard à Lisbonne et nous renonçons à aller en ville. En Suisse il neige à gros flocons. Nous sommes crevés et il n’y a rien à faire dans ce foutu aéroport. On boit un café et on se couche sur les bancs d’un bistro. Jean-Pierre arrive même à ronfler ! Quel talent !

Nous décollons à 15h30 au lieu de 15h00. Arrivés à proximité de Genève, le commandant nous annonce que l’aéroport est fermé pour cause de neige et de glace sur la piste ! Il doit tourner au-dessus de la ville en attendant une autorisation d’atterrir. A ce moment-là, ce n’est pas que je dois avoir trop de pression, mais c’est tout comme…

L’autorisation tombe vers 18h40 et nous atterrissons sur une piste recouverte de neige avec la boule au ventre. Je me fais déjà les pires scénarios dans ma tête !  Mais finalement tout se passe bien et le pilote a droit à une acclamation générale bien méritée !

Les bagages sont tous là ! Excellente nouvelle ! Jean-Pierre rentre avec Willy et moi je prends l’option train, vu les conditions météo, mieux vaut ne pas prendre de risque en faisant des kilomètres supplémentaires sur des routes en très mauvais état. J’arrive à la maison vers 21h00, le corps recouvert de neige. Nous sommes partis le jour précédent à
13h30 (-1h), il faisait 36 degrés et là, il fait 1 degré. Quelques jours après j’avais une bonne crève !

Conclusion

Merci à toute l’équipe de Kéré pour leur accueil et leur dévouement durant notre séjour ! Je ne peux que recommander à tous ceux qui désirent découvrir les Bijagos, d’aller faire un tour sur cette petite île paradisiaque ! Vous ne le regretterez pas !

Olá amigos, agradeço de todo coração e até breve !

Beto