En mer, de la côte ou en bateau, bien rares sont ceux qui osent pécher le bar à la mouche, et ils ont tort, car leurrer un bar dans ces conditions est un des plaisirs les plus raffinés qui soient. Chacun sait que les bars aiment la plume en général. C’est même le seul leurre qui ne provoque chez eux aucune méfiance et auquel ils ne s’habituent pas au bout de quelques années, comme cela se passe avec les meilleurs leurres. En effet, les plumes de mer imitent d’une manière subtile des minuscules alevins de toutes sortes ou des crevettes dont les bars se gavent depuis leur enfance. Même adultes, ils raffolent encore et toujours de ces délicieux “amuse-gueules” faciles à attraper.
En pêche en mer classique, les mouches ont fait largement la preuve d’une efficacité redoutable sous forme de trains de plumes ou “Mitraillettes”. Alors, pourquoi ne pas employer sportivement tout seul, un de ces trucs en plumes, sous forme de “streamer” ou de mini-popper en bout de soie à mouche ?
Localiser correctement le bar pour pêcher à la mouche
Les postes que vous souhaiteriez atteindre peuvent vous sembler la plupart du temps à des distances un peu “décourageantes”.
En fait, c’est un faux problème, car depuis la terre, si vous savez faire une bonne approche silencieuse et si vous savez fouetter en restant accroupi masqué derrière un rocher, vous pouvez faire mordre facilement les gros bars qui sont bien plus souvent qu’on le croit tout au bord de l’eau, dans les premiers goémons.
En bateau, moteur coupé, c’est le vent qui pose problème, car le bateau dérive dans le même sens que celui de votre lancer en vous ramenant bien vite vers votre mouche ou votre mini-popper. Cependant, il existe des solutions pour ralentir cette dérive comme par exemple l’ancre flottante parachute, la ralingue plombée frottant au fond, le moteur électrique avant à l’américaine, ou encore, puisque la pêche du bar à la mouche se fait par petits fonds, l’engluage du bateau lui-même dans la forêt émergente des goémons.
A propos de bateau, c’est évidemment une coque dépourvue de superstructures et d’antennes qu’il vous faudra. Un canot ou un open ayant une quille à bon plan anti-dérive conviendront très bien alors qu’un pneumatique, plus stable, a l’inconvénient de dériver vite avec le vent.
La sécurité…un élément incontournable pour cette pratique
Il faut ici mettre en garde les pêcheurs à la mouche en bateau contre le danger d’envoyer un hameçon 2/0 mer dans sa propre oreille ou dans celle du coéquipier voisin, car on est serré à bord et il est souvent préférable de pêcher seul en bateau… dans tous les cas, une casquette à large protège nuque n’est pas du tout une forme de snobisme, c’est vraiment vital.
J’en veux pour preuve plusieurs histoires vécues dont le cuir chevelu solide d’un jeune photographe voulant garder à tout prix l’ardillon et, comble de précision de la part d’une championne, l’oreille de Barbara Prot percée au millimètre près juste à l’endroit voulu pour se mettre un pendentif (authentique) !
Comment pêcher le bar à la mouche ?
L’équipement pour le bar est assez proche de celui employé pour la truite :
- soie flottante de 9 ou 10 à fuseau décentré
- backing de 50 à 100 m
- bas de ligne de 2,50 m en 26/100
- Pour la canne à pêche, tout dépends des conditions dans lequel vous évoluez. Si vous êtes par temps calme avec peu de vent, vous pouvez utiliser des cannes de puissances 7,8, ou 9. Avec cette configuration vous visez des poissons de taille modeste
- hameçons N° 1 rivière ou 1/0 voire 2/0 mer
- prendre un moulinet simple en proportion de la canne utilisée. Veillez seulement à rincer le tout à l’eau douce en rentrant et à combattre dès son apparition l’oxydation des anneaux ou de la manivelle de moulinet.
Des équipements plus spécifiques sont encore préférables si vous attrapez le virus de la pêche du bar à la mouche : ce sera une canne plus puissante (genre grand saumon à une ou deux mains) à effet de pointe avec une soie de 11 à 13 plus grosse et éventuellement un “shooting head” (partie avant de la soie nettement alourdie), l’ensemble s’avérant plus efficace contre le vent et capable d’envoyer toute la série des mini-poppers.
Quelle est la mouche idéal pour le bar ?
Pour le bar, les mouches sont plus grosses que celles utilisées pour la truite. Généralement, les mouches généreusement fournies en plumes sont assez efficaces. Ne pas hésitez également à alourdir légèrement la tête de la mouche afin d’évoluer un peu en profondeur pour tromper la vigilance du bar. Il existe également des poppers adaptés en forme de crevette, de crabes, etc …
Les mouches de mer pour bars sont rarement des flottantes, mais plutôt des streamers pour brochets ou spéciaux pour bars de couleur dominante blanche, bleue ou jaune (ou toute autre selon alevins locaux). En fait, toute la gamme des streamers à saumon ou à poissons exotiques peut convenir et c’est un grand plaisir que de monter soi-même des mouches personnelles avec des plumes, des poils, des crins irisés, des brills, yeux…Même si elles ne sont pas très belles au début, elles prendront du bar quand même !
On emploie aussi des mini-poppers courts ou longs et même des mouches imitant des crabes. Le ramener se fait assez lentement avec quelques à-coups (surtout pour faire popper les mini-poppers) et des aguichages sur place quand un beau remous émotionnant se produit derrière…Il faut rappeler ici la Rag Flèche confectionnée spécialement pour l’ultra léger-mouche en mer avec canne à lancer légère, sorte de mini-bombette stick qui permet vraiment le lancer lointain contre le vent, de bas de lignes de 1,5 m portant en bout des mouches, streamers et petits poppers. Les lancers peuvent alors dépasser 60 m ce qui est impossible à la canne à mouche normale.
Une astuce pour la Pêche du bar à la mouche !!
En cas de courant, si vous lancez vers un rocher ou un obstacle sous-marin situé en amont ou en aval de vous, envoyez votre leurre très précisément sur la partie lisse de l’eau située au dessus ou un peu en amont.
Si vous lancez en traversier par rapport au courant, lancez quelques mètres en amont et de l’autre côté. Puis, par petites tirées, laissez le leurre aller dans le “neutre” ou le contre-courant derrière ce rocher. A cet endroit, faites des arrêts suivis d’accélérations sur quelques dizaines de centimètres, laissez-le se faire emporter par les courants et les contres puis reprenez-le, et ainsi de suite tant que votre leurre est dans le “V” tourbillonnant du courant aval de l’obstacle. Votre leurre doit avoir l’air fatigué et content de se mettre à l’abri, ou au contraire paniqué, ou enfin conquérant et provocateur. Dans le cas d’un chenal sous-marin, repérez bien sa forme aux lunettes polarisantes, considérez que c’est une rivière et placez-vous dans l’axe au niveau d’un des bord, puis lancez selon cet axe pour que votre leurre suive le plus longtemps possible une “berge”. Insistez aux confluents et dans les irrégularités des parois, surtout s’il y a des tourbillons rabattants horizontaux ou verticaux.