Appréhender correctement son spot de pêche en mer

Tout autour de la France, on ne pêche pas le bar de la même manière de la frontière belge à la Corse ! Et pourtant c’est bien du même poisson qu’il s’agit, notre ami le bar ou le loup. Bien appréhender son spot de pêche est essentiel, et cette étude du terrain n’est pas chose aisée quand on est débutant dans la pêche en mer

Sable, sable et roche, vase, estuaire, roches, sable et roche, sable, roches… Les textures se suivent tout autour
de la France et les bars sont partout!

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Du Nord au Sud, l’ensoleillement est différent, l’eau n’a pas la même température , ni la même transparence, les amplitudes de marées sont très variables (de 20 centimètres en Méditerranée, jusqu’à 14 mètres en Manche-Cotentin Ouest), les courants sont tout aussi différents en force… et les proies habituelles des bars ou loups ne sont pas identiques, ni disponibles en égales quantités partout. Enfin, chaque région a des techniques de pêche locales qui ont fait leurs preuves. Mais il n’est pas interdit de vous servir d’autres techniques provenant des pêcheurs d’une autre portion de côte.

Comment pêche-t-on sur un nouveau spot de pêche ?

Vous êtes un pêcheur débutant, vous arrivez sur une côte que vous ne connaissez pas sous l’angle de la pêche, la première chose à faire est de vous renseigner sur les coutumes ou habitudes des bars du secteur et puis vous adapter comme vous pouvez. Pour cela interrogez les détaillants locaux qui sont d’une grande utilité, car les ” champions ” ne vous diront pas leurs trucs et ne vous donneront pas leurs vrais coins.

N’oubliez pas que certaines techniques ou certains montages ayant fait leurs preuves par ailleurs peuvent surprendre ou plaire aux poissons locaux. Par exemple la pêche de rivière au petit flotteur avec une crevette bouquet vivante convient partout à tous les bars et il en va de même pour les pêches aux leurres très subtils et indémodables comme les plumes. Donc il ne faut pas vous affoler et compliquer inutilement les choses : vous pourrez, soit employer ou copier le montage local , soit commencer à pêcher avec la méthode universelle ou importée que vous connaissez déjà par ailleurs.

Enfin, l’idéal est de sympathiser puis d’aller à la pêche avec un bon pêcheur habitué des lieux.

La grêve ou l’estran, le spot de pêche idéal pour un débutant

L’estran est la partie de la côte qui est alternativement découverte et recouverte par les marées. Plus précisément ce territoire mixte « maritime-et-terrestre » est compris entre le niveau de la plus grande marée haute et le niveau de la plus grande marée basse (au fort coefficient maximum de 120).

Il faut rappeler que sur la côte méditerranéenne, qui a un marnage faible (20 à 30 cm), l’estran est très réduit. Cependant, on y constate quand même des amplitudes conséquentes en fonction des tempêtes et de la direction des vents en Camargue, vers Montpellier et sur la côte sablonneuse du Golfe du Lion qui sont en pente douce.

Ce qui suit concerne donc surtout les pêcheurs de la façade Atlantique et plus particulièrement des rives de la Manche. Ces pêcheurs auront la chance de « voir de leurs yeux le fond de la mer qu’ils vont pêcher » alors que les méditerranéens ne pourront le voir qu’en plongée sous-marine…Pour vous mettre en appétit, voici “bons coins standards” que vous trouverez sur l’estran :

La pêche dans un estran sableux

La plus courante est une plage de sable ou de petits gravillons. Cela s’observe souvent lorsque ces côtes sont proches d’ estuaires de grands fleuves . En effet, ceux-ci ont charrié depuis des millions d’années de grandes quantités de roches pilées en menus morceaux qui ont été ensuite usées par l’érosion des rouleaux résiduels de la houle du large ou les courants parallèles à la côte.

Ces courants ensablent et désensablent des portions entières de côte en fonction des tempêtes, ce qui fait qu’un pêcheur ne trouvera pas le même paysage d’une année sur l’autre. Les plages de sable sont propices au surfcasting , car les bars viennent souvent tout près du bord dans les premiers rouleaux pour chercher des vers, crabes ou divers poissonnets. Les formations remarquables pour le bar sont les baïnes , les bancs de sable et les chenaux parallèles à la côte.

Le surfcasting est roi sur des milliers de kilomètres de plages

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Sur les étendues sableuses , la moindre roche, le plus petit caillou, le piquet en bois, etc., possèdent une chevelure abondante. A grande marée basse , au « bas de l’eau », on peut même accéder à des prairies d’herbes vertes (posidonies) très riches en petits animaux comme des crevettes, poissons plats ou poissonnets.

A chaque tempête, certaines algues comme les fucus (goémon, varech) sont arrachées de leurs supports et partent au large tout en flottant mollement en dérive dans les courants. Aux grandes marées suivantes, ces goémons sont brossés vers certaines grèves exposées aux courants ou au vent et ils s’échouent à l’heure de la pleine mer tout en haut de la plage. Alors il se produit parfois de véritables murs de goémons qui vont sécher et pourrir pendant les 15 jours suivants (jusqu’aux prochaines grandes marées).

Ce milieu nutritif et chauffé par la fermentation est favorable au développement de nombreux insectes , crustacés ou animaux amphibies divers. Ainsi on y trouve en particulier des puces de mer et des asticots de mouches dont les bars raffolent dès qu’ils peuvent accéder à ce garde-manger, c’est à dire aux grandes marées hautes suivantes.

La pêche en estran avec de la vase

Des parcs coquillers sur fond de vase. Ce sont des “récifs artificiels” riches en bars.. Lorsqu’un fond de baie est en cul de sac, ou lorsqu’une petite rivière débouche sur une côte sans courant, des limons sédimentent et s’accumulent sous une grande épaisseur ce qui donne des étendues vaseuses. Il est fort difficile de marcher dessus à marée basse, mais ces vases abritent souvent des coquillages qui sont favorable à l’implantation de parcs à moules, parcs ostréicoles ou coquilliers.

Ces parcs sont toujours très attirants pour les bars qui peuvent se cacher dans les piquets ou sous les tables et attaquer les crabes ou poissonnets qui y circulent…

La pêche en estran avec des galets

Dans certains secteurs de la Manche et de la Méditerranée, on trouve des plages de galets bien ronds de 10 à 20 cm de diamètre. Ces galets voyagent souvent en roulant sur le fond de la mer, poussés par les courant ou les tempêtes. Là encore il y a de grosses différences de dépôts selon les années. De nombreux petits végétaux ou animaux cherchent à s’accrocher ou à s’abriter dans ces galets et se font écraser ou piler quand les galets roulent. Cela constitue un amorçage continuel de particules nutritives favorable aux poissonnets, donc aux bars qui les pourchassent.

Les oiseaux de l’estran, un indicateur à prendre en compte pour votre pêche en mer

La présence d’oiseaux de mer posés sur l’estran ou volant au dessus est en général bon signe. Ils montrent que le secteur est calme et qu’il y a de la vie dans les environs. Ils attendent souvent que la marée descende ou monte pour se nourrir de poissonnets ou autres proies, elles-mêmes suivies par les bars. Dites-vous qu’il y a une symétrie par rapport à la surface de l’eau et qu’il y a autant de poissons au dessous qu’il y a d’oiseaux au dessus… et bien plus en général.

Les principaux oiseaux rencontrés sont soit:

• Blancs :
  – les ” mouettes “, en réalité goélands argentés ou marins familièrement appelés “grosses cocottes”, qui ont un oeil très perçant,
  – les sternes , petites hirondelles de mer à tête noire et bec orange, qui suivent la lisière de l’eau et tournent la tête vers le bas ou plongent dès qu’elles voient un poisson
• Noirs : les cormorans qui ne nagent pas pour le plaisir et qui sont de redoutables chasseurs sous-marins,
• Marrons ou tachetés : les courlis, et tous les “limicoles” bécasseaux, chevaliers, etc.
• Echassiers Gris ou blancs : les hérons et les aigrettes, qui sont là, les pattes dans l’eau, parce que des poissonnets bons à piquer avec le bec vont passer…

Pêcher du bord de mer quand on est débutant !! Choisissez les roches attirantes pour le bar

Parfois certaines configurations de roches peuvent être propice à la venue du bar. Les roches sont un écosystème riche en petits animaux. Tout cette faune représente une ressource de nourriture importante pour ce poisson. Le bar chasse avec ferveur au niveau de ces spots de pêche.

La pêche au bar proche des roches calcaires

En Haute Normandie , par exemple, les hautes falaises calcaires sont attaquées à leur base par les vagues du large. Résultat, des pans entiers s’ écroulent régulièrement et l’estran devient un entassement de rochers calcaires qui, à leur tour, sont rongés et réduits en « cailloux » par les vagues et les rouleaux qui les baignent. Tout un biotope s’installe dans les milliers d’abris formés par ces roches entassées (vers, crevettes, poissonnets, etc.) et les bars sont très intéressés par ces petits animaux. Rappelons qu’il faut être prudent au pied des hautes falaises risquant de s’ébouler.

La pêche en mer aux abords des roches granitiques ou Schisteuses

Les pointes recevant un fort courant ainsi que les côtes exposées aux tempêtes finissent par être dépouillées de leurs sédiments et il ne reste plus que l’assise rocheuse brute face à la mer. C’est, par exemple, le cas de très nombreux secteurs comme la Bretagne et presque toute la côte méditerranéenne Est. On constate alors sur l’estran et sous l’eau des reliefs très tourmentés, ponctués de nombreux abris solides recouverts d’algues ou de goémons, ces lieux étant très favorables à la vie « à peu près tranquille » des crustacés et poissonnets.

Il faut bien regarder la mer avec des lunettes polarisantes pour voir le trajet des courants clairs ou chenaux et deviner aux tâches sombres les roches que l’on a repérées à marée basse.

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Les bars peuvent donc être partout en embuscade sur le parcours obligatoire de ces petits animaux, en particulier « derrière » les roches dans les contre-courants qui se forment en aval des pointes , ou au bord des chenaux entre roches.

Sur les fonds rocheux , on trouve également toutes les espèces d’algues accrochées aux cailloux, par exemple, le commun goémon à bulles puis les sargasses, et tout en bas au niveau du « 0 » des cartes, les longues et douces laminaires (algues brunes en rubans de 2 à 5 m de longueur).

Toute cette végétation constitue évidemment le premier refuge des alevins et des poissonnets. Et très logiquement, quand ces algues sont recouvertes d’eau, les prédateurs comme les bars, les loups et les lieus, rôdent dans le secteur pour manger de la chair fraîche, tout en se servant par ailleurs de certaines algues pour se cacher en embuscade ou simplement dormir tranquille.

Le spot de pêche en mer idéal pour le débutant

Les configurations idéales pour les bars sont constituées de roches bien abruptes et anfractueuses entourées de plages ou chenaux de sable. Une roche isolée sur une plage est aussi un point de rendez-vous , de même que les 2 roches ou petites îles qui bordent de part et d’autre les sorties d’estuaires ou embouchures de petites rivières. Les ouvrages et constructions humaines : Un débutant n’a par principe pas le « pied marin » ou il ne sait pas toujours faire de l’escalade et marcher sur les goémons glissants.

Partout sur nos côtes, les ouvrages attirent de nombreux pêcheurs débutants et des enfants, mais aussi des bars …C’est pourquoi beaucoup sont attirés d’abord par les ouvrages , estacades en bois et autres digues en pierres qui permettent de se rapprocher un peu du «large ».

C’est une bonne option car les bars ou loups viennent aussi tout près de ces constructions ou rentrent même dans les ports. Un courant tourne souvent autour, les poissonnets y trouvent un abri précaire , (surtout s’il y a des enrochements) et sont attirés par les amorçages des pêcheurs au bouchon. Donc les bars y sont de passage à certaines heures …