Etienne, Julien, Erlé, Fabian, Erwan et Nico sont sur 3 bateaux. C’est ainsi que commence cette sortie dominicale en baie de Douarnenez. Nous sommes le 17 août 2008 et, la veille, nous venons d’essuyer un sérieux coup de tabac qui empêche toute sortie sur nos spots de prédilection orientés sud ou ouest. La taille de nos bateaux ne nous permettant pas d’aller jouer aux malins dans la houle, seul le fond de la baie de Douarnenez, bien abrité, s’offre à nos velléités halieutiques.
De belles équipes pour cette joute halieutique en baie de Douarnenez
Etienne revenu, pour quelques jours de vacances, de Nouvelle Calédonie où il s’est récemment lancé dans l’aventure du guidage pêche, nous fait l’honneur de sa présence ce week-end et troque les gros poppers et les jigs lourds contre des petits stickbaits et des leurres souples faiblement plombés, ses thons et ses carangues pour nos bars et nos orphies. Le reste des protagonistes est 100% team bigoud’ : lélé, fabigoud, fario29, erwanG et moi-même… une belle brochette de potes dont il est bien difficile de savoir lequel est le plus profondément ferré par cette passion commune qu’est la pêche aux bars et aux leurres.
Erwan et Ju qui pêchent habituellement à mes côtés sous les couleurs de pecheaubar en compétition me seront aujourd’hui confrontés. Et oui, même en loisir, à l’occasion d’une sortie amicale, nous aimons nous fixer ce petit challenge qui consiste à savoir qui prendra le plus de poisson. Avec le recul je dirai que cela pimente agréablement une sortie placée avant tout sous le signe de l’échange et de la bonne humeur. Le recul, encore une fois, fait que je sais que cette quête de résultats, ces échanges et les débriefings qui en découlent nous font progresser d’une manière incroyable.
Bref, ce sont là 3 équipes de 2 pêcheurs qui vont s’affronter dans une lutte amicale sans merci.
Départ depuis le port de Tréboul
Ju et sa linder 400 vont accueillir notre pêcheur exo tandis que Fabian et son Pacific Craft verront Erwan occuper une proue qui gardera longtemps les traces d’un déjeuner commun aux trois équipes, les traces de l’acharnement d’un skipper concurrent pourtant bien en tête à la mi-journée. Quand à moi j’emprunterai la place couramment squattée par Gweno29 dans le bateau des bart’olod skippé par Erlé.
Au départ du port de Tréboul, nos 3 destriers et leurs équipages voguent vers diverses destinations avec la sérieuse envie d’en découdre. Fabian et Erwan prennent la direction des plages du fond de baie. Forts de notre motorisation surpuissante nous dépassons Ju, Etienne et leurs 20 poneys pour nous attaquer à la côte rocheuse balayée par une houle juste comme il faut. Comme de bien entendu, c’est notre doublette bigoudi-calédonienne qui va prendre le large d’emblée avec un poisson au premier lancer pour le pêcheur de carangues et une série impressionnante ensuite pour le duo de choc.
L’esprit de mauvais perdants qui nous habite mettra ça sur le compte de l’avantage incontestable que leur procure l’utilisation d’un moteur électrique. Un observateur extérieur aurait à coup sûr attribué leur performance à leurs qualités incontestées de bons pêcheurs et au choix tactique de la zone, mais nous non.
Quelques difficultés à surmonter…
Il faut dire que pour nous c’est plutôt la guigne qui prend le dessus. Jugez plutôt : une zone magnifique que nous connaissons par cœur pour cause de pêche intensive du bord sur le spot. Une houle bien placée qui rentre dans le bon sens et déferle sur un plateau prolifique. Un placement presque idéal du bateau et un poisson décroché en plein milieu de combat après cette sensation de lourdeur et de puissance qui caractérise habituellement les bars que nous y recherchons. Passons sur les 3 autres combats que nous n’avons pas su pousser à leur terme et aux poissons que Julien et Etienne nous sortent sous le nez à l’occasion d’une dérive voisine de la nôtre.
Vous l’avez compris nous sommes à la rue. D’ailleurs nos amis ont du mal à admettre notre capot retentissant après une heure de pêche où seule une aiguillette est venue se pendre à ma ligne… il faut dire qu’eux en ont déjà rentré 13. L’utilisation d’un shad assassin monté en weightless leur aura apporté l’essentiel de ces prises de bars calibrées à environ 40 cm. Nous finirons par aller nous aussi occuper cette dérive si féconde… sans succès.
Un changement de stratégie s’impose pour la team
Changement de stratégie obligatoire avec ce nouveau constat d’échec, nous voilà bon pour l’ossuaire. Le spot est situé juste à l’aplomb d’un cimetière où bien des pêcheurs pourraient vouloir troquer une ultime demeure contre quelques paquets de x-layers.
C’est d’ailleurs sur une tête lipweight armé d’un de ces leurres que je vais toucher le premier bar de l’équipage, 50 up comme disent les pêcheurs branchés… le capot est écarté, la pression avec. Une cinquantaine de tours de manivelle plus loin c’est au tour d’Erlé de décapoter au realistix black shad sur une des nouvelles têtes berkley en 4 g.
Attirés par notre prestation d’exception Fabian et Erwan sortent de nulle part pour venir, c’est certain, nous couper dans notre dangereux élan. Eux ont pris une demi-douzaine de bars et un jeune goéland. Si on les soupçonne alors de nous avoir volontairement abordés à ce moment qui aurait pu leur être fatidique, nous devons aussi reconnaître leur fair-play quand, sûrs de leur avance, ils nous ont laissés finir la dérive sans pourrir le poste. Passons !
Quelques lancers plus tard je pêche un nouveau poisson au ras du bord… attaque de brute juste sous la surface et c’est une nouvelle fois le tandem okashira/layer qui paye. Un de plus au vivier. Celui-là, le plus gros de la journée pour nous, finira son existence dans une poêle, les autres nagent encore.
Bilan de pêche à la mi-journée pour les concurrents
Une heure plus tard est venue le temps d’une collation bien méritée et de ses péripéties que je ne saurai prendre le temps de raconter ici. Disons juste que le skipper d’un bateau qui n’est pas le nôtre en a profité pour écraser le verre d’un pêcheur à cheveux longs et cela même sur le bateau de son skipper.
Bons derniers à la mi-journée, Erlé et moi-même ne pouvions qu’être outrés par cette tactique de déstabilisation qu’ont eue les premiers envers les seconds. Mais cela est maintenant de l’histoire ancienne. À midi Ju et Etienne, malgré leur manque de sportivité, mènent largement la danse avec 19 bars au compteur, Erwan et Fabian frôlent la dizaine tandis qu’Erlé et moi-même plafonnons à 7 prises argentées. Puisqu’il faut bien se rabattre sur quelque chose nous tentons de relativiser notre contre-performance en portant le sujet sur la taille du plus gros poisson mais nos amis ont eux aussi conservé la plus belle prise du bateau.
Le vivier permettant de garder les poissons en vie et de reporter son choix de prélèvement au moment où des poissons plus gros auront été capturés par tous les possesseurs de bateaux de l’équipe,. Chacun a su être juste et intelligent dans son prélèvement. Nous savons tous que le bar est une espèce très pêchée et qu’il appartient à chaque pêcheur doté d’un minimum de bon sens et d’intelligence de modérer son prélèvement en vue de la préservation de l’espèce et par là même de notre passion commune.
La session de pêche continue en baie de Douarnenez
Bref, à la mi-journée chaque vivier est occupé par le plus gros poisson capturé par le tandem et là c’est Fabian et Erwan qui mènent la danse avec un bar de 57 cm contre 55 pour nous et 53 pour Etienne et Julien. Après un banquet bien mérité nous voilà repartis à la pêche dans cette jolie baie de Douarnenez. À la découverte de la chasse qui sévit sur les sables blancs, Julien et Etienne abandonnent l’option qui consistait à nous voler de la plus moche façon qui soit (« j’aimerais bien montrer ce spot où on ne peut pas se permettre d’être 2 bateaux à Etienne ») le spot qui nous a rapporté l’essentiel de nos poissons matinaux. Voilà donc les équipages 1 et 3 sur la même chasse ignorée une fois de plus par l’équipage n°2.
Nos deux bateaux l’abordent différemment, ça finit par rentrer pour nous. Pas du gros poisson mais 1 ou 2 bars par dérive ça remonte le score. Il y a de la vie dans l’eau et Erlé se permet même un magnifique doublé, aiguillette saucissonnée par le nylon plus bar sur le leurre. La chasse finit par s’évaporer et si nous savons que les bars doivent toujours se tenir sur le spot il nous faut jouer d’adresse pour les tromper.
Je profite de ce moment pour essayer le vertebrax, un leurre souple créé et coulé par bebel, un ami de l’équipe qui nous en a gentiment offert un échantillon à l’issue d’un battle facilement remporté par la team bigoud et dont les perdants, soit dit en passant, tardent à nous livrer le comp rendu. Bebel et consorts, si on peut leur reprocher leur piètre prestation à l’occasion d’un battle dont le reportage devrait, un jour ou l’autre, finir par paraître sur pecheaubar, sont des bonhommes que l’on apprécie énormément à la team bigoud d’autant plus que les créations des gaulois nous permettent de prendre des bars quand les conditions se compliquent.
Pour faire court le vertebrax ça marche fort et ce leurre nous permet de revenir à quelques longueurs d’un équipage néo-calédonien/bigouden en baisse de régime. Erwan et Fabian quant à eux se font oublier à quelques centaines de mètres de nous. À un moment je crois bien voir Erwan, les mains dressées vers le ciel, brandir un gros poisson. Ce n’est qu’illusion me dis-je alors !
La pêche continue jusqu’au moment où une dérive regroupe les 3 bateaux à proximité les uns des autres… retour au vivier pour notre docker et c’est qu’il a vraiment pris un ours le bonhomme. Désillusion pour les autres qui pensaient que l’espoir de prise d’un gros poisson était perdu pour la journée.
Passer ses nerfs, changement de canne, de leurre et de tête plombée, on va pêcher à la normande (spéciale dédicace à Danny et Massilia). Une dérive quasi nulle, 5 mètres d’eau, gros fluoro, 25 g de plombée et un gros leurre souple… on va arracher les rochers. Et comme à chaque fois, ça fonctionne. Une paire de nouveaux Dicentrarchus labrax vient goûter rapidement à l’air libre avant de rejoindre leur élément. Deux ou trois ultimes dérives à blanc et il est temps de rentrer. Au final Ju et Etienne nous devancent avec 27 poissons tandis que nous passons la vingtaine et qu’Erwan et Fabian l’approchent mais nous plombent avec un poisson de 75 cm pris lui aussi sur l’association d’un x-layer et d’une tête okashira, tandem gagnant de la journée.
Conclusion
En résumant cette journée on peut considérer que les pêches en weightless sur les chasses rapportaient du poisson en quantité mais que le fait de gratter un leurre souple en périphérie des zones d’activité ou sur les bordures augurait des prises de taille supérieure. L’utilisation d’un bas de ligne de fort diamètre aura aussi permis à Etienne de sélectionner ses prises dans les moments de forte activité… les nombreux poissons de petite taille présents lui refusant son leurre, il parvenait ainsi à passer au travers et à proposer son imitation aux poissons plus gros situés plus profond dans la couche d’eau.
Pour en finir je dois dire que ce fut pour tout le monde un très bon moment de pêche où la convivialité, l’amitié et la plaisanterie auront su faire de cette journée prolifique un de ces moments qui font qu’on aime tant ce loisir quand il est mêlé de rapports humains, de bon esprit, d’humour et de partage.