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La pêche au Maroc plus exactement à Tanger

Quelle bonne surprise quand, en mars dernier, je reçus un coup de fil pour une place à pourvoir pour une session de pêche au Maroc, plus exactement à Tanger. Occupé à filer et virer du casier, j’avais pour un temps mis mon métier premier entre parenthèse. Guide ou plutôt aspirant. Je ne me fis donc guère prier pour une quinzaine d’essai en avril. Les premiers jours de ce séjour de pêche en mer sont consacrés au repérage. Une prise de contact avec la zone firent rapidement effet pour me marquer l’esprit

Tanger, le meilleur coin de pêche au Maroc

Tanger est lovée entre deux caps, Spartel à l’ouest, ouvert sur l’Atlantique et Malabata à l’est côté détroit de Gibraltar. Moins de quinze kilomètres séparent L’Europe de l’Afrique, un goulet qui côté marocain s’étend de Tanger jusqu’à Ceuta. Environ cinquante kilomètres où s’alternent caps, plages, falaises, dalles de roches, au large des grands fonds et des montagnes sous l’eau … Un océan qui rencontre une mer, ça donne forcément un truc terrible ! Les terrains de jeux sont aussi vastes que nombreux. En ville comme en bord de route, les marchés aux poissons regorgent de « camelote ». Enormément de gris et des densités de sars incroyables.

Des bars, des mérous, des badeiches, des dentés le tout dans des tailles moyennes plus que respectables … Généralement pris par des palangriers artisanaux, ils sont un impressionnant reflet de la zone. C’est à deux pas de la maison et personne n’en parle, si on connaît Dakhla et le grand sud pour le surf ou bien encore Mohammedia pour le marlin, on ne sait rien ou si peu de la pêche au nord. Du chapeau de l’Afrique, point d’échos halieutiques ! Le but de mon hôte, Saïd Berrada est de développer la pêche au gros et sportive au Maroc ; vous comprendrez aisément que je ne fus guère difficile à convaincre pour me joindre aux projets de Tanger Fishing Odyssey.

La pêche à la traine au Maroc

La zone à couvrir est vaste et le temps compté pour lancer une première saison. Nous commençons par la pêche à la traîne et à la palangrotte. Il faut attaquer vite et les deux techniques sont idéales pour ça. Avec deux bateaux, nous pouvons pallier à la météo parfois capricieuse.

Un bateau couvre les abords même de Tanger l’autre est basé dans la baie juste au sud de Ceuta pour couvrir une zone méditerranéenne, offrant un repli lorsque le détroit ou l’Atlantique sont tourmentés.

Brad

La traîne, plus qu’une simple technique de vieux, après quelques tâtonnement et recherches, s’est révélée passionnante. La mise en place de plans et de parcours de traîne, en fonction des sites, des moments de marée et des courants relève de nombreux facteurs où la simple balade de leurre n’a pas lieu d’être.

En complément à la traîne, la palangrotte nous a offert de très agréables pêches. Beaucoup de méditerranéens feraient des bons au ciel en voyant la qualité et la variété des palangrottes ici. Du gris (sars, daurades …), du rose (pageot, pagre …), des balistes, les inévitables congres et murènes sans oublier des poulpes !!!

Un coin de pêche riche en poissons

Réactivité, organisation et  entente mutuelle furent les gages de bonnes pêches sur de nombreux spots. L’un d’eux en particulier s’est montré d’une étonnante richesse. Mal pavé, avec des fonds variant de 5 à 25 m, Il apparaît parfois comme le Mac Do du coin, tout le monde s’y retrouve. Bars, badeiches, mérous, dentés, tant des chasseurs différents sur une même zone, la majorité des prises oscillent entre 3 et 6 kg mais que de poissons ne furent perdu après avoir laissé le pêcheur ou le guide … pantois.

Une badeiche qui passe en mode parpaing, un gros bar qui s’appuie dans le courant ou en denti survolté demandent tout de même un certain doigté pour être ramenés et déclenchent sans coup férir une bonne décharge d’adrénaline. J’ai vu et vécu de très forts moments de pêche en ces occasions. Les pélamides aux longs rushs ont aussi contribué à faire siffler les freins et ponctuellement au coup du soir, ce sont les barra qui ont faits les frais de nos leurres.

A dire vrai même acharné de pêche aux leurres sur de telles zones, on reprend le goût de la pêche à l’appât, on cherche le truc ! C’est diablement bon de choper du poisson surtout la grosse grise derrière le banc de petites ou le pageot alors qu’on ne prend que des sars. Les fondamentaux de la pêche, reviennent au galop et je vous passe les ambiances à bord quand un groupe de trois ou quatre copains se lance défi sur défi …

La pêche au Sama. Un poisson peu connu au Maroc

Négligée, au profit du détroit, en début de saison, c’est sur la zone méditerranéenne que nous avons jeté notre dévolu avec l’arrivée du mois de septembre. Restée quasi muette quant à ses prédateurs, elle se devait d’être à l’image du reste. N’y parle t’on pas du Sama. Ce cousin du denti. Doté d’une dorsale hypertrophié et d’une excroissance au dessus des yeux, il est peu connu, peu médiatisé, ce gros bagarreur n’est la cible que de peu de pêcheurs. Sa pêche reste plutôt confidentielle et se fait essentiellement en traîne de fond au downrigger. Ce vilain chasseur pourrait dépasser la barre des 20 kg !

Suite à moult discussions avec les locaux, c’est pour une pêche à l’appât que nous optons. Hakam nous accompagnera pendant cette phase de prospection c’est un gars du coin, un « maalem » ( celui qui sait ) du Sama et de sa pêche.

L’animal, plus actif en fin de journée se voit présenter sur son terrain de chasse des seiches ou des calamars vivants. La pêche se fait à environ 40m de fond sur des marches rocheuses. La présentation de l’esche est primordiale, cette dernière doit être le plus possible à l’aplomb du bateau. De fait nous travaillons moteur embrayé pour parer aux effets du vent et du courant. Lors d’un bon placement, quand les fauves sont en chasse, les appâts ont une durée de vie inférieure à une minute ! C’est fort impressionnant de remonter des calamars de 60 cm privé de tête ou des demi seiches avec l’os sectionné et de suspectes traces de dents. Ces sorties de pure prospection, furent tant frustrantes que jouissives.

J’ai encore en mémoire deux superbes combats avec de gros Sama. Le premier a mis en deux la beast master jigging et après avoir sévèrement combattu a coupé les bas de ligne sans me laisser le temps de l’apercevoir. Le second estimé à plus de 10 kg s’est décroché à 3m sous le bateau où par transparence nous l’avons vu complètement occis repartir vers de plus sécurisantes profondeurs. Ces frustrations ont heureusement eu leurs équivalents en bons moments avec les prises de sametta (petit Sama de 2 à 4 kg), de gros gris mais surtout de badeiches et de mérous !

La pêche au bar et au bord au Maroc

Ce tour d’horizon ne serait pas complet sans quelques mots sur la pêche du bord. Je n’ai que ponctuellement et maladroitement pêché en surfcasting faute de temps, en revanche, sévèrement contaminé je n’ai eu d’autre choix que d’aller dans les rochers pour tenter le bar aux leurres.

En général, les sorties étaient rapides, coup du soir ou du matin sur des zones affinées au fil des semaines. En travaillant sur deux secteurs proches de mon pieds à terre, j’ai pu trouver un spot de pleine mer et un autre de basse mer. Beaucoup de poisson entre 36 et 40 cm, quelques pin’s et quand même dans les lots quelques uns plus gros, le maximum oscillant entre 2.5 et 3 kg.

Une fois de plus sur des secteurs aux poissons moins méfiants qu’en France, les jerks se sont montrés sous leur meilleur jour.

Brad

Conclusion

La saison n’est pas encore totalement terminée mais déjà je souris ; je souris sur ce qui a été fait et sur ce qui va suivre. Ponctuelles et anecdotiques, les sorties spinning et jigging devraient d’ici peu devenir récurrentes et en toute logique passionnantes à souhait. A ce propos, les derniers essais se révèlent surprenants, si du bord seuls les bars mordent au leurre, il s’avère qu’à moins d’un mille de la côte, les badeiches et autres seranidae répondent bien à nos sollicitations. Après la traîne, la pêche en dandine se montre redoutable sur ce type de carnassier…